Selon des confidences récemment recueillies par Politico, certains hauts responsables ukrainiens disaient craindre « l’effondrement des lignes de front là où les généraux russes décident de concentrer leurs offensives ». Leur pessimisme est dû à plusieurs facteurs. À commencer par celui de la supériorité numérique – tant en hommes qu’en matériel – des forces russes. Pour y faire face, Kiev ne peut plus compter sur le soutien de ses partenaires occidentaux autant que par le passé… A cela s’ajoutent les difficultés à relever les troupes qui combattent en première ligne depuis maintenant plus de deux ans. .
Certes, les F-16 promis l’année dernière devraient bientôt arriver en Ukraine… Mais l’une des sources de Politico n’a pas caché ses doutes sur leur utilité. « Nous n’obtenons tout simplement pas les systèmes d’armes lorsque nous en avons besoin, ils arrivent lorsqu’ils ne sont plus nécessaires », a-t-elle déclaré, faisant référence à ces chasseurs-bombardiers. « Chaque arme a son propre moment. Les F-16 étaient nécessaires en 2023. Ils ne le seront pas en 2024 », a-t-elle ajouté.
Quant aux problèmes de personnel, la loi sur la mobilisation qui devrait probablement les résoudre est bloquée au Parlement ukrainien (Rada) pour des raisons « politiques ». « Nous n’avons pas seulement une crise militaire, nous avons une crise politique », a résumé l’un des officiers contactés par Politico.
Dans ces conditions, « seuls notre courage et notre résilience ainsi que les erreurs des chefs militaires russes pourraient inverser la tendance », estiment ces hauts responsables militaires ukrainiens. « Mais s’appuyer sur les erreurs russes n’est pas une stratégie », ont-ils déclaré.
D’où l’importance du soutien occidental, notamment dans le secteur aérien, à l’heure où les forces russes mènent des frappes contre des infrastructures critiques en Ukraine. La semaine dernière, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a estimé qu’au moins vingt-cinq systèmes de type Patriot, équipés chacun de six à huit lanceurs, seraient nécessaires pour contrer les missiles et autres drones kamikaze lancés par la Russie. Mais encore faut-il qu’il y ait des pays capables de fournir les batteries demandées par Kiev.
Sur ce point, le 9 avril, le haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, a déploré cette situation. « Les armées occidentales disposent d’environ 100 batteries de missiles Patriot, et pourtant nous sommes incapables de leur fournir les sept dont elles ont désespérément besoin », a-t-il déclaré. « La situation en Ukraine est extrêmement difficile, la machine militaire russe tourne à plein régime. (…) Nous devons faire plus et plus vite pour les aider à disposer des capacités dont ils ont besoin », a-t-il insisté.
Toutefois, pour des raisons qui leur sont propres, certains membres de l’Union européenne (UE) ne peuvent se séparer de leurs systèmes de défense aérienne. C’est par exemple le cas de la Suède, qui doit protéger l’île stratégique de Gotland, ou celui de la Pologne, dont l’espace aérien a été récemment à nouveau traversé par un missile russe.
Quant aux États-Unis, ils ne peuvent rien faire tant que les 61 milliards de dollars d’aide militaire promis à Kiev sont bloqués au Congrès. Et ce n’est pas l’envoi en Ukraine de 5 000 fusils d’assaut AK-47, de lance-grenades et de plus de 500 000 cartouches de petit calibre qui ont été envoyées aux rebelles Houthis par l’Iran avant d’être saisies par la marine américaine qui changera quoi que ce soit…
Le gouvernement américain transfère les armes capturées
Le 4 avril 2024, le gouvernement américain a transféré plus de 5 000 AK-47, mitrailleuses, fusils de précision, RPG-7 et plus de 500 000 cartouches de 7,62 mm aux forces armées ukrainiennes. Cela constitue suffisamment de matériel pour équiper un UKR BDE… pic.twitter.com/Ydecq6OFAO
– Commandement central américain (@CENTCOM) 9 avril 2024
Toutefois, si leur aide militaire est bloquée, les États-Unis peuvent toujours vendre du matériel à l’Ukraine… C’est aussi ce qu’ils s’apprêtent à faire, après la publication d’un avis de l’Agence de coopération en matière de défense et de sécurité (DSCA), chargée des exportations de Équipements militaires américains via la procédure dite FMS (Foreign Military Sales).
Ainsi, le 9 avril, ce dernier a recommandé au Congrès d’accepter la vente à l’Ukraine d’équipements pour réhabiliter et maintenir en condition opérationnelle les systèmes sol-air MIM-23 pour un montant estimé à 138 millions de dollars. .
Pour rappel, les forces ukrainiennes ont reçu de tels systèmes de l’Espagne (six unités), des États-Unis et de la Suède. Étant donné que l’avis DSCA fait référence au système Hawk Phase III, il est possible qu’il s’agisse des batteries que Taiwan a récemment remplacées dans le cadre du programme Tien Kung (Arc Céleste). En effet, Washington avait récemment entamé des discussions avec Taipei en vue de les récupérer puis de les céder à Kiev.
« L’Ukraine doit de toute urgence accroître ses capacités de défense contre les frappes de missiles russes ainsi que les capacités aériennes des forces russes », avance la DSCA. « L’entretien et la maintenance du système de missiles Hawk augmenteront la capacité de l’Ukraine à défendre son peuple et à protéger ses infrastructures nationales essentielles », a-t-elle ajouté, avant d’assurer, comme elle le fait dans presque tous ses avis, que cette « vente potentielle ne modifiera pas la situation ». équilibre militaire fondamental dans la région ».