Wall Street décroche à cause des tensions entre Israël et l’Iran et de l’inflation
SSoudain, l’ambiance a changé et Wall Street, qui était dans le vert, a pris une sérieuse tournure. Jeudi 4 avril, les trois indices ont terminé dans le rouge de plus de 1%: le Dow Jones a perdu 1,35%, le S&P 500 qui représente les grandes entreprises 1,23% et le Nasdaq, riche en technologies, 1,4%. . Rien de grave, dira le profane, alors que ces indices sont proches de leurs records, avec une hausse respective de 17%, 27% et 34% sur un an. Mais à y regarder de plus près, la séance ressemblait à une de ces journées de rupture, avec son flot de mauvaises nouvelles.
C’est d’abord la crainte d’une réponse iranienne contre Israël après le bombardement de son consulat en Syrie qui a rendu les marchés nerveux. Le baril de pétrole texan est passé de 85 dollars (environ 78 euros) à 87 dollars dans l’après-midi. Il se rapproche du niveau de 93 dollars qu’il avait atteint très brièvement après l’attaque du Hamas en octobre 2023.
Le conflit restant confiné à Gaza, le pétrole brut est tombé en dessous de 70 dollars en décembre. La hausse est donc puissante, de l’ordre de 25% sur les quatre derniers mois, accentuée par les restrictions de production des pays exportateurs réunis au sein de l’OPEP. Même les matières premières ont recommencé à augmenter, certains estimant que le pire est passé en Chine.
Diagnostic pessimiste
Cette tension sur le brut en alimente une autre sur l’inflation. La hausse du pétrole a eu un impact sur les prix de l’essence, en hausse de 15% depuis le début de l’année. Globalement, les derniers chiffres américains dans ce domaine sont mauvais. Les prix à la consommation des ménages, publiés fin mars, ont augmenté de 2,5% sur un an et de 2,8% si l’on retire l’énergie et l’alimentation. Ils ne baissent plus, et restent bien au-delà de l’objectif de 2% fixé par la Fed, la Réserve fédérale américaine.
Jason Furman, économiste à Harvard et expert incontesté en la matière, a compilé les différentes données sur trois mois, et son diagnostic est pessimiste : l’inflation est désormais de 3,1% sur trois mois contre 2,6% il y a un mois. Le risque d’un retour de bâton, comme celui connu à plusieurs reprises dans les années 1970 après les crises pétrolières mais aussi dans les années 1980, ne peut être exclu.
Résultat : les marchés financiers qui tablaient sur trois, voire quatre baisses de taux de la Fed cette année, en espèrent désormais une ou deux. Certains investisseurs parient même sur un statu quo avec des taux directeurs maintenus au-dessus de 5,25 %. On est bien loin de l’optimisme qui prévalait en décembre, alors que les marchés espéraient une première baisse en mars. Résultat : les taux longs, définis par les marchés, se sont resserrés : certes, ils n’ont pas franchi la barre des 5% atteinte en octobre, mais ils ont augmenté progressivement de 3,9% en décembre à 4,4% en mars. Ils ont toutefois baissé ce jeudi à 4,3%, alors que les capitaux se réfugient dans le dollar en cas de crise internationale et que les investisseurs réclament une rémunération moindre.
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