VRAI OU FAUX. Le Nouveau Front populaire libérera-t-il 16 000 prisonniers s’il arrive au pouvoir ?
Le programme du Nouveau Front populaire n’indique pas la libération de 16 000 prisonniers, mais l’alliance souhaite « changer d’approche » en matière d’incarcération en France.
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Après avoir surmonté les difficultés pour s’unir, les partis de gauche ont dévoilé mercredi 19 juin le programme du Nouveau Front populaire. Le lendemain, Alexandre Avril, maire de Salbris (Loir-et-Cher) et conseiller régional Les Républicains (LR) du Centre-Val de Loire, était invité sur Europe 1. Dans la nouvelle émission de Cyril Hanouna, l’élu, soutenu par Eric Ciotti, a exprimé son inquiétude sur le programme de l’alliance des gauches. « Je n’ai pas dormi de la nuit. »se confie-t-il à l’animateur, avant de préciser les raisons de cette insomnie.«J’ai lu le programme du Nouveau Front Populaire». Il a assuré que « 16 000 prisonniers dans la surpopulation carcérale pourraient être libérés », si le Nouveau Front Populaire gagnait les élections législatives. Un chiffre qui a suscité de vives réactions sur X. Est-ce vrai ou faux ?
Selon Alexandre Avril, la libération de milliers de prisonniers dans les prochaines semaines est inscrite au programme du Nouveau Front Populaire (PDF). Cependant, dans celui-ci, aucune trace des 16 000 sorties : « Agir contre la surpopulation carcérale, assurer des conditions de détention dignes et donner les moyens à l’administration pénitentiaire et judiciaire d’accomplir sa mission en toute sécurité », c’est indiqué. C’est d’ailleurs la seule mention concernant le milieu carcéral dans l’ensemble du programme.
Contacté à ce sujet, Alexandre Avril a détaillé son argumentaire auprès de franceinfo. Il a d’abord expliqué son calcul. Selon lui, les 16 000 détenus représentent le nombre de détenus excédentaires sur 1euh Avril 2024. « En réalité, ce chiffre est sans doute plus élevé », a-t-il jugé. Selon les données du ministère de l’Intérieur, sur les 77 647 détenus incarcérés le 1euh En mai 2024, 18 318 étaient considérés comme « excédentaires », contre 15 567 en mai 2023. Le maire de Salbris a reconnu que cela n’est pas indiqué en ces termes dans le programme du Nouveau Front populaire. Mais pour lui, il n’y a que trois manières d’agir contre la surpopulation carcérale : « construire des prisons », « Expulser les étrangers dans les prisons »Ou «établir une réglementation pénitentiaire». Ce dernier étant « au cœur du programme de gauche depuis longtemps »elle serait, selon lui, la solution privilégiée par le Nouveau Front Populaire.
La réglementation pénitentiaire est définie comme «différents mécanismes visant à limiter le nombre de détenus incarcérés afin de ne pas dépasser les capacités d’accueil des établissements pénitentiaires », selon un rapport de la Cour des comptes (PDF)publié en octobre 2023. Cela peut prendre plusieurs formes, mais c’est plus d’une « numerus clausus » selon la Cour des comptes. Selon le maire de Salbris, en cas de victoire, l’alliance de la gauche appliquera donc ce principe.
Contactée par franceinfo, Aminata Niakaté, porte-parole d’Europe Ecologie Les Verts, temporise. « Il ne s’agit pas de libérer des détenus de manière fantaisiste, mais plutôt de proposer des peines alternatives à la prison avant la détention et, pendant la détention, des aménagements pour les personnes prêtes à être réinsérées. »
De son côté, la France Insoumise a également assuré à Franceinfo que ce n’était pas le cas. « pas question de libérer d’un seul coup 16 000 prisonniers lors de l’arrivée au pouvoir, mais de refondre la politique pénale ». Le programme du Nouveau Front populaire souhaite la fracture face à une politique pénale française considérée comme un « échec » par les partis. « Toute l’approche répressive n’a jamais fonctionné (…) nous voulons changer notre approche »a expliqué Aminata Niakaté.