VRAI OU FAUX. La France et l’Europe ont-elles investi deux fois plus dans les routes que dans les trains ces dernières années ?
En pleine campagne européenne, la candidate écologiste Marie Toussaint affirme que « la France, comme l’Europe, a investi deux fois plus ces dernières années dans la route que dans le ferroviaire ». C’est plutôt vrai pour l’Europe mais en France la tendance s’est récemment inversée.
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Elle veut un « plan massif dans le chemin de fer ». La tête de liste Europe Ecologie-Les Verts pour les élections européennes, Marie Toussaint, affirme sur France Inter que « La France, comme l’Europe, a investi deux fois plus ces dernières années dans le routier que dans le ferroviaire ». Vrai ou faux ?
Marie Toussaint s’appuie sur une vaste étude réalisée par l’ONG environnementale Greenpeace et publiée en juin 2023. L’association a compilé, sur trente ans, l’ensemble des dépenses d’investissement public de chaque pays européen en matière d’infrastructures routières et ferroviaires, en s’appuyant notamment sur sur les chiffres officiels publiés par le Forum international des transports de l’OCDE. Tous les pays de l’Union européenne, la Norvège, la Suisse et le Royaume-Uni ont été analysés. L’étude compare donc les enveloppes budgétaires ; elle ne rapporte pas ces dépenses au nombre de kilomètres de train ou de route dans chaque pays. De plus, il compare uniquement les dépenses publiques.
L’Europe investit davantage dans la route que dans le train, mais l’écart se réduit
Selon cette étude, l’Europe dans son ensemble a investi 66 % de plus entre 1995 et 2018 dans le transport routier que dans le rail. Soit un peu moins du double. La longueur cumulée du réseau autoroutier a augmenté de 60 % entre 1995 et 2020, passant de 51 500 à 82 500 kilomètres. Sur la même période, le réseau ferroviaire a perdu 6,5 %. Mais sur une période plus récente, entre 2018 et 2021, l’Europe a investi 34 % de plus dans le réseau routier que dans le réseau ferroviaire. On voit donc que l’écart se réduit.
En France, on ne peut pas dire que l’État investit « deux fois plus dans le routier que dans le ferroviaire ces dernières années », comme le fait Marie Toussaint. Sur la première période étudiée, de 1995 à 2018, il est vrai que la France a investi deux fois plus dans les routes. Mais sur la période la plus récente, entre 2018 et 2021, Greenpeace constate un renversement de tendance : la France a commencé à investir un peu plus dans le ferroviaire, 10 % de plus que dans la route.
En France, un renversement de tendance
Les investissements augmentent, comme en témoigne le plan de 100 milliards d’euros d’ici 2040 pour le ferroviaire, annoncé en février 2023. Le gouvernement souhaite notamment développer le train de nuit et le RER métropolitain. Même si les investissements sur les petites lignes augmentent, comme le montre ce rapport sénatorial, les usagers dénoncent un déséquilibre toujours flagrant entre les efforts réalisés sur les TGV et ceux réalisés sur les lignes locales. Ces dernières sont vieillissantes, plus vétustes, avec des trains moins réguliers. Selon un rapport réalisé par le préfet Philizot en 2020 et demandé par le gouvernement, 40 % des petites lignes en France sont menacées de fermeture.