Voyageurs du Monde aura attendu que le cours de son action atteigne de nouveaux records pour annoncer une offre publique de rachat d’actions (866 666 actions maximum, au prix de 150 euros) qui, pour l’instant d’ailleurs, ont très mauvaise presse, l’Etat encore une fois. envisage de les taxer. LE Horaire peut interroger. Pourquoi maintenant ? Prendre par surprise une éventuelle taxe ? Échec d’une acquisition majeure ? Après tout, l’agence de voyages haut de gamme disposait déjà, il y a un an, de la trésorerie nécessaire pour restituer aux actionnaires les 130 millions d’euros qu’elle avait levés en 2021, en plein Covid, pour assurer un coussin de sécurité pendant la crise, pendant dont elle a perdu, depuis deux ans, au moins 70 % de son chiffre d’affaires (par rapport à 2019).
Puis l’activité reprit rapidement, « très vite, plus que ce à quoi nous nous attendions même dans nos rêves les plus fous », nous parle d’Alain Capestan, co-fondateur et directeur général adjoint du tour opérateur spécialisé dans le sur-mesure et l’aventure, propriétaire des marques Comptoir des Voyages, Terres d’Aventure, Allibert Trekking et Nomade Aventure. Il admet que l’augmentation de capital pendant la pandémie a été « énorme ». A tel point que la direction, alors en pleine crise « un stress énorme »se retrouve aujourd’hui avec trop d’argent, placé dans des fonds du marché monétaire.
Les pertes en 2022 ont été inférieures aux prévisions. La puissante envie d’échapper à une France déconfinée a permis à Voyageurs du Monde de renouer avec les bénéfices au second semestre de cette année-là. Le chiffre d’affaires de l’exercice, à périmètre constant, est en baisse de seulement 12% par rapport au niveau d’avant Covid. L’année 2022 s’est terminée avec un niveau de trésorerie de 279,5 millions (232,3 millions en 2021, 171 millions en 2020). Même net de dette, il s’élève toujours à 142,9 millions.
« Fort développement » des déplacements à vélo
« Une OPRA prend du temps à se mettre en place », explique Alain Capestan. Elle nécessitait l’approbation des actionnaires de référence et, pour des raisons techniques, il a fallu attendre la finalisation des comptes 2023. Il existe des exigences de capital à respecter avant de pouvoir procéder à une réduction de capital.
A l’issue de l’opération de rachat d’actions (dont le produit pourra être utilisé par les actionnaires pour financer des sociétés qui ont besoin d’argent), Voyageurs du Monde disposera encore de près de 100 millions d’euros pour procéder à des acquisitions. En février, l’entreprise a renforcé sa position dans le cyclotourisme en rachetant Ekilib, au Québec, qui génère moins de 3 millions d’euros de chiffre d’affaires par an. En 2022, elle acquiert la société australienne Eurofun Group, positionnée dans les déplacements à vélo (moins de 100 millions de chiffre d’affaires). « La nouvelle activité de déplacements à vélo connaît un fort développement et représente 16% du chiffre d’affaires total du groupe et près de 38% du nombre de clients »indique Voyageurs du Monde dans son communiqué présentant ses résultats 2023.
L’exercice s’est terminé sur un chiffre d’affaires record de 693,6 millions d’euros (+42,3%). Le bénéfice net, de 44,4 millions d’euros, a plus que doublé par rapport à l’année dernière pour atteindre également des niveaux sans précédent. Grâce à un positionnement ciblant les routards fortunés, la marge brute (31,6%) reste parmi les plus élevées du secteur.