Voltalia : Plombé par les restrictions sur la production d’électricité au Brésil, Voltalia plonge en Bourse

(BFM Bourse) – Le producteur d’électricité renouvelable a prévenu que les baisses de production dans le pays pourraient réduire son résultat brut d’exploitation jusqu’à 40 millions d’euros en 2024. L’action dégringole à Paris.

Le Brésil met une nouvelle fois à mal Voltalia en Bourse. L’an dernier, une panne d’électricité dans le pays en août avait contraint le producteur d’énergie renouvelable à abaisser ses prévisions de résultats financiers pour 2023. Son cours de bourse s’était alors effondré.

Même chose ce mardi. L’action chutait de 13% vers 11h après avoir prévenu que les difficultés de ce pays, le plus important du groupe en termes de capacité de production (62% du total), pèseraient sur ses comptes.

L’entreprise a notamment indiqué que l’opérateur de transport brésilien imposait actuellement « un plafonnement prononcé » dans certaines parties du réseau électrique qui risque de pénaliser sévèrement son résultat brut d’exploitation (Ebitda) pour 2024. Ceci, dans le cas où ce plafonnement devait perdurer « au cours des prochains mois et s’il n’était pas compensé financièrement ».

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Reprise des coupes dans les cultures brésiliennes

Pour un gestionnaire de réseau de transport, l’écrêtage consiste à limiter le transport pendant une période donnée de tout ou partie du potentiel de production électrique d’une centrale de manière à maintenir la stabilité du réseau de transport.

En temps normal, l’écrêtement des pointes de production n’est que rare dans les grands réseaux électriques mondiaux, y compris au Brésil. Mais après la panne majeure de l’été 2023, le gestionnaire de réseau brésilien a limité une part inhabituellement élevée de la production afin de minimiser les risques pour la stabilité du réseau. L’écrêtement des pointes de production a ensuite progressivement diminué avant de devenir marginal à la fin de 2023.

Ces plafonds étaient restés bas au premier semestre 2024. Mais désormais, le Brésil a décidé d’augmenter ces plafonds. Selon TP ICAP Midcap, qui a participé à une conférence téléphonique organisée par Voltalia, l’opérateur brésilien « applique un plafond prononcé, principalement ciblé sur les énergies renouvelables intermittentes, pour répondre aux problématiques de stabilisation du réseau ».

« Constatant la reprise d’un niveau d’effacement prononcé, Voltalia a rencontré à plusieurs reprises le gestionnaire du réseau de transport brésilien », explique l’entreprise dans un communiqué. « Le volume d’effacement de la production de Voltalia dans le nord-est du réseau pourrait être élevé pendant une période qui pourrait durer plusieurs mois, notamment en raison du retard pris dans la construction de nouvelles lignes de transport pour renforcer le réseau dans le nord-est du pays », ajoute-t-elle.

Compensation financière recherchée

L’entreprise explique mener une série de démarches au sein d’un collectif de producteurs d’électricité et via des associations professionnelles pour limiter les impacts financiers de ces plafonds. Voltalia et les autres producteurs avaient déjà engagé des contentieux en 2023 pour obtenir des compensations financières pour les plafonds de 2023 ainsi que pour ceux de 2024.

Parallèlement, des discussions sont menées avec l’opérateur de transport brésilien et les autorités locales afin d' »accélérer au moins une partie de la compensation financière et de réduire la durée des coupures d’électricité actuelles », a ajouté le groupe.

« Les organisations professionnelles regroupant des producteurs d’électricité comme Voltalia considèrent que l’approche extrêmement prudente appliquée par le gestionnaire de réseau ne serait pas techniquement requise. La perte de potentiel de production d’électricité, qui serait à terme néfaste pour l’économie brésilienne, serait donc évitable. Elles estiment, comme Voltalia, que les producteurs doivent être indemnisés financièrement, comme le démontre l’action en justice qu’elles ont engagée », explique l’entreprise.

Le groupe s’attend donc à ce que des solutions « techniques et financières » soient trouvées avec les autorités brésiliennes.

Objectif EBITDA 2027 confirmé

A ce stade, Voltalia prévient que l’impact du plafonnement brésilien sur son EBITDA 2024 est « difficile à établir ». Toutefois, dans le cas où le scénario prévu par l’opérateur de transport brésilien se confirmerait, où le groupe n’obtiendrait pas de compensation financière et où le taux de change euro-réal brésilien pour le second semestre s’élèverait en moyenne à six (comme c’est le cas actuellement), cet impact s’élèverait à 40 millions d’euros sur l’euro sur l’EBITDA 2024, anticipe Voltalia. A titre de comparaison, Voltalia avait généré un EBITDA de 241 millions d’euros en 2023.

Cet impact serait particulièrement accentué par le fait que la production d’électricité de Voltalia est traditionnellement plus élevée au second semestre qu’au premier. TP ICAP Midcap souligne ainsi que le chiffre d’affaires du groupe est historiquement 70% plus élevé au second semestre.

En marge de cette annonce, Voltalia a confirmé viser un EBITDA « normatif » (c’est-à-dire calculé avec des moyennes de long terme sur les taux de change et la production solaire, éolienne et hydroélectrique) d’environ 475 millions d’euros à horizon 2027. Le groupe a également confirmé ses objectifs de capacité de production à horizon 2024 et 2027.

TP ICAP Midcap a décidé d’ajuster son objectif de cours à 14 euros sur le titre, contre 15 euros précédemment, tout en confirmant sa recommandation d’achat. Le cabinet d’études indique conserver une « vue positive » sur le titre, notamment en raison de sa « sélectivité rigoureuse » dans le développement des projets.

Julien Marion – ©2024 BFM Bourse