Volodymyr Zelensky salue le feu vert partiel des États-Unis pour des frappes en Russie
Le président ukrainien a salué la décision américaine, suivie par plusieurs membres de l’Otan, d’autoriser Kiev à frapper des cibles sur le sol russe avec des armes occidentales.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a salué vendredi 31 mai « un pas en avant » après le feu vert, sous conditions, donné par les Etats-Unis concernant l’usage de leurs armes contre des cibles sur le sol russe.
La veille, le président américain Joe Biden, qui s’y était jusqu’ici refusé, avait accepté que les Ukrainiens frappent dans certains cas des cibles sur le territoire russe proche de la région de Kharkiv (nord-est), selon un responsable américain qui a requis l’anonymat. Cela peut être fait « afin de riposter lorsque les forces russes les attaquent ou se préparent à les attaquer » dans cette zone, a précisé cette source à plusieurs médias dont Politico.
« C’est un pas en avant vers cet objectif (…) de défendre notre peuple qui vit dans les villages situés le long de la frontière » avec la Russie, a réagi Volodymyr Zelensky lors du troisième sommet Ukraine-Europe du Nord à Stockholm.
Revirement américain
Les pays occidentaux ont montré vendredi un soutien croissant, quoique nuancé, à l’utilisation par l’Ukraine de leurs armes contre la Russie à l’intérieur de ses frontières. L’Allemagne a ainsi estimé que les Ukrainiens pourraient utiliser ses équipements contre des cibles militaires en Russie, notamment en réponse à l’offensive lancée le 10 mai par Moscou et qui se poursuit dans la région de Kharkiv.
Le porte-parole du chancelier Olaf Scholz, Steffen Hebestreit, a rappelé que l’Ukraine avait le « droit » de se défendre avec les armes dont elle dispose, « y compris celles que nous lui avons livrées ».
La décision de Washington marque un revirement, les États-Unis craignant auparavant qu’une telle mesure n’entraîne un conflit direct entre l’OTAN et la Russie.
Des armes américaines déjà utilisées, selon Moscou
Vendredi, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a assuré que des armes américaines étaient « déjà utilisées pour tenter de frapper le territoire russe ». Il y voit une preuve du « degré d’implication des États-Unis dans ce conflit ». Jeudi, la Russie avait déjà critiqué l’Alliance atlantique pour avoir lancé « un nouveau cycle d’escalade ».
Le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, a déclaré vendredi qu’il n’avait vu que des « efforts » du président russe Vladimir Poutine « pour empêcher les alliés de l’Otan de soutenir l’Ukraine ».
Jens Stoltenberg appelle depuis plusieurs jours les capitales occidentales à lever les restrictions qui « lient les mains dans le dos des Ukrainiens ». Il a rappelé que l’utilisation d’armes occidentales pour des frappes sur le sol russe avait reçu le soutien d’autres pays, citant la livraison d’équipements « sans aucune restriction » sur son utilisation par le Royaume-Uni.
Les membres de l’OTAN divisés
La France a annoncé cette semaine qu’elle y était également favorable, estimant que l’Ukraine avait le droit de se défendre en ciblant des cibles militaires.
Toutefois, certains États membres de l’Alliance atlantique ne partagent pas cet avis. Le chef de la diplomatie italienne Antonio Tajani a ainsi affirmé que « pour l’Italie, il est impossible d’utiliser nos armes en dehors de l’Ukraine ». « Nous ne luttons pas contre la Russie. Nous défendons l’Ukraine, et ce n’est pas la même chose », a-t-il déclaré.
Les États-Unis, pour leur part, restent opposés aux frappes ukrainiennes en profondeur sur le territoire russe, a souligné le responsable américain précédemment cité.
« Notre position sur l’interdiction de l’utilisation d’ATACMS ou de frappes profondes à l’intérieur de la Russie n’a pas changé », a-t-il déclaré, faisant référence aux missiles à longue portée fournis par son pays.
Le feu vert des États-Unis pour des frappes sur des cibles russes près de Kharkiv a été obtenu après des semaines de négociations en coulisses, suite au lancement de l’offensive russe dans cette région. Kharkiv, la deuxième ville d’Ukraine, au nord-est, est depuis bombardée presque quotidiennement.