Volkswagen va fermer trois usines : une menace pour le projet Audi ?
Depuis l’annonce de l’arrivée d’Audi en Formule 1, il y a déjà deux ans en marge du Grand Prix de Belgique 2022, le projet de la marque aux anneaux a déjà connu de nombreux rebondissements. Entre les multiples changements à la tête du constructeur allemand, l’instabilité au niveau de l’organisation et du conseil d’administration, l’arrivée puis le départ d’Andreas Seidl avant même que le projet ne se concrétise et enfin le retour de Mattia Binotto à la tête de l’équipe, cette évolution cahoteuse n’est pas source de sérénité et suscite des inquiétudes de l’extérieur. Et ce n’est pas la fin des problèmes, loin de là…
Lundi, l’actualité automobile a été marquée par un véritable séisme dans l’industrie : pour la première fois en 87 ans d’existence, le groupe Volkswagen envisage de fermer trois usines sur son propre territoire, en Allemagne. Le géant automobile allemand envisage un vaste plan d’austérité avec éventuellement la suppression de 20 000 emplois directs et une baisse massive des salaires, dans un contexte économique extrêmement difficile.
L’histoire du Dieselgate dans toutes les têtes…
Entre l’effondrement des ventes sur les marchés non européens, notamment en Chine, la difficile transition vers l’électrique, l’inflation et la récession économique en Allemagne, l’arrivée massive des constructeurs chinois et les lourdes amendes liées au Dieselgate, Volkswagen doit absolument faire de grosses économies. . Le groupe espère économiser quatre milliards d’euros par an grâce à ce plan d’austérité sans précédent. Et quand il faut faire des économies aussi massives, ce sont les programmes « non essentiels » au fonctionnement du groupe qui sont en première ligne… et notamment les engagements dans le sport automobile.
Le groupe Volkswagen connaît déjà trop bien cette situation : rappelez-vous, en 2016-2017, en plein Dieselgate, VAG avait décidé d’arrêter la quasi-totalité de ses programmes sportifs mondiaux : Volkswagen quittait brutalement le WRC avant la saison 2017, tandis qu’Audi et Porsche avaient ont quitté le WEC, les uns après les autres, durant cette période. Depuis, certaines marques du groupe ont repris une activité sportive dans les compétitions mondiales, comme Porsche et Lamborghini dans la catégorie reine de l’Endurance, mais avec une LMDh à coûts réduits grâce à un châssis fourni par un constructeur externe.
Dépenses liées à la F1 : arrêter ou continuer ?
Au milieu de tout cela, évidemment, la pertinence du projet Audi F1 paraît bien étrange. La situation économique du groupe Volkswagen s’étant dégradée ces deux dernières années, l’arrivée de la marque aux anneaux en Formule 1 se retrouve à nouveau fragilisée. Audi a pourtant tout fait pour assurer son arrivée en 2026, notamment avec le rachat à 100% du groupe Sauber en début d’année. Depuis l’annonce en 2022, des millions – pour ne pas dire des milliards – d’euros ont été investis dans la construction de nouveaux bâtiments à Neuburg an der Danube et dans le recrutement de plusieurs centaines de personnes pour développer le moteur 2026.
Des coûts déjà engagés, déjà dépensés, qui placent Audi et le groupe Volkswagen dans une situation complexe et face à un terrible dilemme. Faut-il poursuivre le projet, assumer les sommes colossales déjà investies (et qui doivent encore l’être) dans un contexte de rigueur budgétaire sans précédent à l’échelle du groupe, au détriment de milliers d’emplois chez VAG ? Ou faut-il couper le robinet au plus vite, « vendre » le projet pour sauver ce qu’il y a à économiser avec quelques millions en jeu – qui ne rembourseront évidemment pas tout ce qui a déjà été engagé depuis 2022 – et tenter de réduire au fur et à mesure mesure du possible l’ampleur du plan social en préparation en Allemagne ?
Vers des annonces surprises chez Audi ?
Évidemment, Volkswagen pourrait utiliser la popularité de la Formule 1 comme un énorme spot publicitaire et comme une dernière tentative (désespérée ?) de relancer ses ventes mondiales, notamment en Asie. Le groupe avait notamment beaucoup misé sur le marché chinois, mais la stratégie a tourné au fiasco. Loin de vouloir relancer des rumeurs infondées, on pourrait se dire qu’un Guanyu Zhou pourrait être la meilleure publicité pour Audi et le groupe Volkswagen afin de se donner une dernière chance sur le marché chinois, le pilote de Shanghai – premier et unique Pilote chinois de Formule 1 – jouissant d’une incroyable popularité dans l’Empire du Milieu. Une réflexion qui pourrait notamment expliquer pourquoi Audi met autant de temps à choisir son deuxième pilote pour 2025…
Pour l’heure, la fraîcheur de l’annonce faite par le groupe Volkswagen concernant la fermeture prévue de trois usines sur le territoire allemand n’est pas encore parvenue dans le paddock de la Formule 1. Nul doute que le sujet sera sur la table lors des prochains Grands Prix, à commencer par celui du Brésil, dès ce week-end. Pour le projet Audi F1, en tout cas, cette énième épreuve sur ce chemin difficile vers la catégorie reine semble être l’une des plus risquées…
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