(Article publié mercredi 30 octobre à 10h15, mis à jour à 13h56)
Sans surprise, les résultats trimestriels du groupe Volkswagen sont médiocres. Le plus grand groupe automobile européen a enregistré un bénéfice net de 1,58 milliard d’euros au troisième trimestre de cette année. Une véritable sous-performance puisqu’elle est en baisse de -63,7% par rapport à la même période il y a un an.
Quant à son Ebitda (résultat avant intérêts, impôts et amortissements), indicateur clé de la rentabilité, il affiche également une baisse à deux chiffres sur un an. Il recule de -59,4% pour atteindre 2,36 milliards d’euros. Le résultat opérationnel subit également une forte baisse (-42% à près de 2,9 milliards d’euros).
Plusieurs raisons
Ces baisses de bénéfice s’expliquent tout d’abord par une baisse de 7 % des ventes de voitures en volume. La croissance en Amérique du Nord (+6,4%) n’a pas réussi à compenser la baisse marquée des ventes en Chine (-15%). Ce marché est pourtant clé pour le groupe puisqu’il y réalise un tiers de son chiffre d’affaires. Mais les difficultés économiques de la première puissance asiatique freinent la demande sur un marché où la concurrence est de plus en plus rude.
Par ailleurs, le groupe a subi l’impact de « charges de restructuration » à hauteur de 2,2 milliards d’euros sur les neuf premiers mois de l’année, indique le communiqué. Outre l’augmentation des coûts fixes et « coûts de lancement de nouveaux produits ».
Dans ce contexte, la marge opérationnelle du groupe est tombée à seulement 5,4% en moyenne sur les neuf premiers mois de l’année, contre 6,9% sur la même période en 2023. La raison : d’une part, les ventes de ses Porsche les plus rentables et Les voitures de sport Audi ont décliné. Dans le même temps, la rentabilité de la marque VW, avec ses prix en baisse, est en berne, à seulement 2% sur neuf mois.
Une restructuration majeure prévue…
Pour le directeur financier du groupe, ces résultats « reflètent un environnement de marché difficile et soulignent l’importance de la mise en œuvre de nos programmes de performance à l’échelle du groupe », a déclaré Arno Antlitz dans un communiqué.
« Il est urgent de réduire considérablement les coûts et de réaliser des gains d’efficacité »il a ajouté.
Le groupe a annoncé en septembre qu’il préparait un plan d’économies sans précédent. Cette restructuration pourrait inclure la fermeture de trois usines en Allemagne, a déclaré lundi la présidente de son comité d’entreprise, Daniela Cavallo. Ce serait alors une première dans l’histoire du constructeur : il n’a jamais pris une telle décision sur le sol allemand depuis sa création en 1937. Et la dernière usine fermée, aux Etats-Unis, remonte à 1988.
Dans le même temps, des dizaines de milliers de suppressions d’emplois sont prévues en Allemagne. C’est sa marque VW, qui en compte aujourd’hui 120 000, qui est ciblée par les mesures d’économies car elle est la moins rentable de son portefeuille. Le groupe n’a pas encore dévoilé les contours du plan social, mais a mis fin en septembre à l’accord de garantie de l’emploi. Cela ouvre la voie à d’éventuels licenciements à partir du 30 juin 2025 et laisse présager qu’il y en aura.
« Nous ne sommes pas assez productifs sur les sites allemands et les coûts d’usine sont actuellement 25 à 50 % plus élevés que prévu »La direction de Volkswagen a déclaré lundi.
Selon le quotidien Handelsblatt, citant des documents internes, la simple mesure de réduction des salaires des salariés de 10 % permettrait au constructeur d’économiser près de 800 millions d’euros par an, soit bien plus que des fermetures d’usines.
…dans un climat tendu avec les salariés
Le groupe entend économiser au total 4 milliards d’euros, selon le quotidien économique Handelsblatt. Pour cela, outre les fermetures d’usines et les suppressions d’emplois, d’autres mesures seraient appliquées. À savoir une baisse de 10 % de tous les salaires, ainsi qu’un gel en 2025 et 2026. Au total, cela reviendrait à une baisse de 18 % des émoluments des ouvriers à la ligne sur les deux prochaines années, selon la commission. entreprise. Dans le viseur également du groupe, le plafonnement des primes et primes liées aux anniversaires d’ancienneté des cadres.
» Nous devons faire en sorte que le compromis trouvé soit significatif pour que VW puisse atteindre sa marge de 6,5% (…) et pouvoir investir pour lui-même dans des projets futurs sans dépendre du groupe », a encore justifié Arno Antlitz.
Mais pour réussir à mettre en place ce plan, la direction de Volkswagen devra affronter de front son comité d’entreprise. Parce qu’il dispose d’un pouvoir de cogestion sur la stratégie de l’entreprise, ce qui empêche le groupe de faire ce qu’il veut. Les pouvoirs publics allemands, via le Land régional de Basse-Saxe où le groupe a son siège, sont également actionnaires et auront donc leur mot à dire. Une structure de gouvernance complexe qui explique aussi en partie les difficultés du géant allemand.
Du côté des salariés, les syndicats sont déterminés à lutter contre les projets du groupe. IG Metall, le puissant syndicat allemand des métallurgistes, est en tête. Ils ont menacé de faire grève après la période de dialogue social obligatoire, à partir de décembre. La prochaine rencontre officielle entre les deux parties est prévue ce mercredi 30 octobre.
(Avec l’AFP)