Volkswagen et ses rivaux allemands à l’heure des coupes budgétaires
A la recherche de 4 milliards d’économies, Volkswagen envisage des mesures d’austérité sans précédent, dont une baisse des salaires et une éventuelle fermeture de sites en Allemagne. Dans un contexte où l’ensemble de l’industrie automobile européenne est soumis aux pressions économiques et à la concurrence asiatique, les négociations avec les syndicats s’annoncent tendues.
Volkswagen à la recherche de milliards d’économies
Volkswagen, le géant automobile allemand, traverse une période de turbulences économiques qui l’oblige à revoir drastiquement ses priorités financières. Selon le journal allemand Journal du Handelsblattle constructeur prévoit une série de mesures pour réduire ses coûts et atteindre un objectif d’économies de 4 milliards d’euros d’ici 2026. La direction de la marque phare du groupe explore plusieurs pistes, dont une baisse de 10 % des salaires, un gel des augmentations pour 2025. et 2026, ainsi que la suppression des primes d’ancienneté.
Ces décisions sont discutées dans un contexte de tensions sociales croissantes. En octobre, Volkswagen a mis fin brutalement à l’accord de garantie de l’emploi, une protection signée en 1994 et valable jusqu’en 2029. La rupture de cet accord ouvre ainsi la voie à des licenciements à partir de 2025, une perspective que le puissant syndicat IG Metall s’oppose fermement à accepter. Face à la possibilité de fermetures d’usines en Allemagne, les représentants des salariés menacent de recourir à la grève dès la fin de la période de dialogue social obligatoire, prévue en décembre.
Les difficultés de Volkswagen ne sont pas isolées. Les autres poids lourds de l’industrie automobile allemande, Mercedes-Benz et BMW, doivent également revoir leurs prévisions financières. Mercedes a récemment abaissé son objectif de rentabilité pour la deuxième fois en 2024, tandis que BMW anticipe des ventes en baisse par rapport à l’année précédente. Ces géants industriels allemands sont confrontés à des défis croissants sur le marché chinois, qui était autrefois leur moteur de croissance.
Une crise européenne plus large dans le secteur automobile
Ce ralentissement s’explique notamment par des facteurs économiques complexes en Chine, où la baisse de la demande se conjugue à la montée en puissance des constructeurs locaux de véhicules électriques. Ces derniers parviennent à conquérir une part croissante du marché, au détriment des constructeurs européens. Selon plusieurs experts, cette concurrence chinoise pourrait fragiliser durablement les marques allemandes, dont l’adaptation aux nouvelles exigences de durabilité et d’innovation se fait lentement.
Ces difficultés économiques, combinées à une situation économique morose, plongent l’ensemble du secteur automobile européen dans l’incertitude. L’Allemagne, première économie européenne, pourrait entrer en récession pour la deuxième année consécutive, avec une baisse de 0,1% de son produit intérieur brut (PIB) en 2024, selon les principaux instituts économiques allemands.
Stellantis, le groupe qui regroupe entre autres Peugeot, Fiat et Chrysler, souffre également, notamment en Amérique du Nord où il a dû réduire ses marges en multipliant les promotions. Même le segment des véhicules électriques, bien que considéré comme l’avenir de l’automobile, peine à stimuler la demande en Europe, où le marché reste fragile depuis la pandémie. La situation devient préoccupante pour les quelque 2,4 millions de salariés de l’industrie automobile sur le continent.