Au niveau mondial, les entreprises endettées ont versé un montant historique de 458 milliards de dollars d’intérêts aux banques et aux obligataires à fin juin, soit une hausse de 24,4% sur un an à taux de change constant, selon le cabinet de gestion anglo-américain Janus Henderson, qui détient 353 milliards de dollars d’actifs. Selon son dernier rapport Global Corporate Debt Index, les plus grandes entreprises cotées mondiales ont contracté 378 milliards de dollars de nouveaux emprunts nets en 2023-2024, portant le total à un niveau record de 8 180 milliards de dollars (+4,9% à taux de change constant). « Cette augmentation est toutefois nettement inférieure à celle de 2022-2023 et se situe bien en deçà de 2018 et 2019 (2020 et 2021 ont vu les emprunts perturbés par la pandémie), précise néanmoins Janus Henderson. La hausse des taux d’intérêt a clairement contribué à modérer l’appétit pour l’emprunt. Un peu plus de la moitié des entreprises (53%) ont augmenté leur dette en 2023-2024, contre 57% l’année précédente.
Les fusions et acquisitions, notamment dans le secteur de la santé (acquisition de Seagen par Pfizer, Horizon par Amgen, Telavant par Roche), expliquent la moitié de cette hausse globale de l’endettement net, qui a aussi une autre origine dans l’augmentation du besoin en fonds de roulement des constructeurs automobiles (financement des clients ayant acheté une nouvelle voiture). Certains énergéticiens comme Engie, Chevron, Equinor, BHP ou, dans un autre secteur, RTX ont emprunté pour payer une partie de leurs programmes de dividendes ou de rachat d’actions. Les sociétés de services aux collectivités sont collectivement les plus endettées, ce qui explique aussi qu’en France, Engie figure parmi les entreprises du CAC 40 les plus sensibles au risque politique et à la hausse des taux (au-delà de la volonté du RN de démanteler les éoliennes).