Ils partent à la conquête du monde pour faire tourner leurs usines. Les constructeurs automobiles chinois sont trop nombreux et leurs usines sont surdimensionnées. Les derniers chiffres calculés par les analystes de Goldman Sachs permettent de mesurer l’ampleur du problème.
« D’ici 2023, la capacité de production de voitures électriques de la Chine équivalait à 2,1 fois la demande intérieure et à 1,2 fois la demande mondiale », écrivent-ils dans une note publiée il y a quelques jours.
La moitié des constructeurs dans le rouge
Un exemple ? La jeune société Leapmotor a une capacité de production de 800 000 voitures par an. Elle n’en a vendu que 144 000 en 2023, mais compte maintenir ses chaînes de montage à plein régime grâce à la coentreprise créée l’automne dernier avec Stellantis pour vendre ses modèles à l’international.
Sur le marché local, la guerre des prix fait rage pour « pousser la tôle », c’est-à-dire vendre des voitures neuves. Les prix ont chuté de 12% en un an et le marché commence à ralentir après plusieurs années de forte croissance. Dans ce contexte, difficile de maintenir son compte de résultat dans le vert. « La moitié des acteurs génèrent un cash-flow opérationnel nul ou négatif », estime Goldman Sachs.
Ils se lancent donc à l’international pour vendre leurs modèles. C’est une bonne nouvelle, car leurs coûts sont de 17% à 24% inférieurs à ceux de leurs concurrents internationaux, soulignent également les analystes.
L’Europe dans le collimateur
Depuis près de deux ans, ils visent l’Europe, seul marché développé dont les portes leur sont encore ouvertes, quand les Etats-Unis les leur ont fermées. Mais aussi les grands pays émergents, comme le Brésil, l’Indonésie ou la Turquie.
La surcapacité est encore plus grave chez les fabricants de batteries, un marché largement dominé par les Chinois. Ils représentent 150 % de la demande mondiale et fonctionnent avec un taux d’utilisation de seulement 61 %. Coincés entre cette offre pléthorique et une demande plus modeste, les prix se sont effondrés de 45 % en un an.
Les analystes de Goldman Sachs sont toutefois plutôt optimistes quant à ce secteur. La demande chinoise et mondiale continue de croître et les fabricants de batteries ont réduit leurs investissements.
Projets d’usine annulés
Pas moins de 19 projets de gigafactory de batteries ont été annulés ou reportés par la cinquantaine de constructeurs chinois ces derniers mois, selon Benchmark Mineral Intelligence. De quoi réduire de 3 % la capacité de production de l’Empire du Milieu d’ici 2030.
C’est le résultat des forces du marché, mais aussi des mesures de régulation mises en place par Pékin en juin. Les autorités ont fixé de nouveaux seuils minimaux de densité énergétique, voire de durée de vie, pour assainir le secteur.
Certains prétendants ont abandonné. Le géant agroalimentaire Nanfang Black Sesame Group, qui avait surpris tout le monde l’année dernière en annonçant une diversification dans le stockage d’énergie, a abandonné au printemps son projet de gigafactory de 3,5 milliards de dollars, a rapporté le Financial Times.