Voiture électrique ou thermique ? Un journaliste du JT de 20h de TF1 a été étrangement malchanceux

Après un premier rapport plutôt bien préparé le 10 août, hier soir, TF1 a monopolisé 3 journalistes (et probablement 3 cameramen), et une bonne journée de travail pour tenter un voyage en voiture thermique et électrique. Le terrain ? Nous prenons l’autoroute et partons pour 310 km, au départ de Villeneuve-d’Ascq, au Nord, pour Étretat, en Normandie. avec une voiture diesel, une hybride et une voiture 100% électrique. Comparé au Paris-Marseille d’Elise Regaud, on pense que l’électrique a toutes ses chances de réussir, et pourtant…

Un journaliste en quête d’ennuis

A bord de son ID4, Sébastien Hembert ne devrait pas avoir trop de mal à avaler les 310 kmune distance que la plupart des véhicules familiaux modernes sont capables de parcourir sans interruption. Mais notre cher collègue a peut-être opté pour la version à petite batterie d’une capacité nette de 52 kWh, pas idéale pour les longs trajets. Même dans ce cas, un court arrêt de 25 minutes devrait suffirec’est ce que proposent des applications comme ChargeMap ou ABRP lorsque vous sélectionnez l’itinéraire :

Mais nos trois amis préfèrent clairement éviter Amienspourtant 25 minutes plus rapide (selon Google Maps), la ville étant entourée de bornes de recharge rapide. Une fois à 30% de batterie et après 200Km (ce qui semble un peu tôt), le journaliste cherche déjà une borne de recharge, et arrive à la borne IECharge – Quièvrecourt… qui se révélera non fonctionnelle.

Après tout, cela peut arriver, mais il y a toujours 2 autres stations rapides (Lidl et Powerdot) autour de Neufchâtel-en-Brayassez facile à trouver avec Chargemap :

Mais le journaliste décide plutôt d’aller… dans un supermarché, avec des bornes de 11kW AC, nécessitant 5H15 pour une charge complète. Sébastien Hembert n’en revient pas, alors qu’il vient de brancher un câble destiné à la charge lente, celles des bornes villageoises ou domestiques, qui ne sont pas destinées à être utilisées lors d’un long trajet. L’homme retourne donc sur l’autoroute, et pas de chance, le seul terminal de la station Total est toujours en panne ! C’était aussi un modèle semi-rapide (50kW) que l’on a tendance à éviter sur les longs trajets, à moins de n’avoir pas le choix.

Quelle malchance tout de même ! Le quatrième sera donc le bon à Vallée Carburants, un peu plus loin sur l’autoroute, cette fois à 120 kW. Nous étions à 28% et il nous a proposé 30 minutes pour revenir à 100% précise-t-il, en omettant (quelle bêtise) de dire qu’il n’est pas utile de charger au-delà de 80% sur un long trajet, sauf à perdre beaucoup de temps.

Au total, le journaliste arrivera donc avec 1h30 de retard sur ses deux collègues.alors qu’il n’aurait pas dû perdre que 25 minutes pour préparer son trajet. Evidemment, la voiture thermique arrive en tête, la voiture diesel remporte même la partie devant l’hybride, sans que l’on sache vraiment pourquoi. C’est un signal fort envoyé à des millions de Français, qui risquent d’être largement rebutés par l’achat d’un véhicule 100% électrique, au moyen de rapports anxiogènes qui donnent l’impression d’avoir été menés à la dérive.

L’avis de Mac4Ever

Une chaîne nationale, aux heures de grande écoute, doit prendre ses responsabilités et exiger de ses journalistes qu’ils préparent au minimum leurs reportages, surtout lorsqu’il s’agit des nouvelles technologies et de l’éducation des téléspectateurs.

Évidemment novice en matière de véhicules électriques, Le journaliste semble ici commettre toutes les erreurs du débutant.Outre le choix discutable du véhicule (notons que Tesla apparaît très rarement dans ce type de rapport), il n’utilise apparemment pas le GPS intégré à la voiture, qui propose pourtant un planificateur et un système de filtres plutôt efficace.

Arrêt à 30% de batterie, connexion à un terminal lent, pas d’applications à utiliser, charge à 100%… Jouer à Candide était encore possible il y a 4 ou 5 ans, mais en 2024, tout cela paraît un peu exagéré, surtout au journal de 20h sur TF1. Dans le pire des cas, Préparer le voyage n’aurait pris que 2 minutes avec une application, et aurait permis de gagner une bonne heure sur la route – sans parler des tracas en cours de route.

Ce rapport ne doit pas nous faire oublier que Selon le dernier baromètre AVERE, 20 à 25 % des stations de transport en commun sont hors service. Même si les applications et les planificateurs savent généralement en tenir compte, c’est un chiffre assez alarmant qui ne semble pas avoir beaucoup évolué ces derniers mois. En revanche, certains acteurs (comme Tesla) semblent moins touchés que d’autres, contrairement à Total ou IECharge, très souvent pointés du doigt par les utilisateurs réguliers.