Cette nuit-là, rien ne laissait présager un tel drame. Le vol Aeroflot 593 reliant Moscou à Hong Kong s’est déroulé dans des conditions optimales : météo clémente, avion récent en parfait état, équipage expérimenté. Le commandant Andreï Viktorovich Danilov, 40 ans, totalisait plus de 9 500 heures de vol, tandis que son copilote Igor Vassilievitch Piskariov, 33 ans, en comptait 6 000. Ce voyage est donc apparu comme un vol de routine. Et pourtant…
Alors que l’avion survole la Sibérie en pilote automatique, le copilote Piskariov prend une décision qui s’avérera fatale : il invite ses deux enfants dans le cockpit. Une pratique courante et autorisée, notamment lors des vols long-courriers. Sa fille Iana, 12 ans, a brièvement pris les commandes, suivie de son frère Eldar, 15 ans.
C’est là que le drame prend forme. L’adolescent, probablement fasciné par les commandes de vol, exerce une pression suffisante sur le manche pour désactiver partiellement le pilote automatique. Un voyant s’allume sur le tableau de bord, mais aucune alarme sonore ne retentit. Les pilotes, dans un premier temps, n’ont rien remarqué d’anormal.
La spirale infernale
L’avion entame alors une lente inclinaison vers la droite. Lorsque l’équipage réalise enfin la situation, l’angle a déjà atteint 45 degrés – bien au-delà des limites de sécurité. La force centrifuge, devenue trop importante, cloue littéralement l’adolescent à son siège. « Eldar, lève-toi… Descends Eldar, tu vois le danger ? son père pleure, impuissant.
S’ensuit une cascade d’événements catastrophiques. Le pilote automatique, partiellement engagé, tente de maintenir l’altitude en augmentant la puissance du moteur, tandis que les pilotes tentent désespérément de reprendre le contrôle manuel. Ces commandes contradictoires transforment l’Airbus en un monstre incontrôlable. L’avion s’est cabré, s’est élevé presque verticalement, puis est parti en vrille. Les passagers subissent tour à tour des forces d’écrasement et des moments d’apesanteur.
En seulement quatre minutes, l’avion a plongé de 10 000 mètres. Il s’est finalement écrasé dans les montagnes Alatau de Kuznetsk à 260 km/h, tuant instantanément les 75 personnes à bord. Les secours, ralentis par la neige et le relief accidenté, ne sont arrivés sur place que deux heures et demie plus tard et ont découvert des débris en feu.
L’enquête révélera une cruelle ironie : pour sauver l’appareil, il aurait suffi de lâcher les commandes. L’Airbus A310 était en effet équipé d’un système anti-décrochage automatique. Mais les pilotes, jamais entraînés à une telle situation, ont aggravé la situation en tentant de redresser manuellement l’avion.
Cette tragédie a entraîné des changements majeurs dans l’aviation civile. La formation des pilotes concernant la gestion du pilote automatique a été renforcée et les réglementations sur la présence de tiers dans le cockpit ont été considérablement durcies.
- Le 23 mars 1994, un Airbus A310 d’Aeroflot s’est écrasé en Sibérie, tuant 75 personnes.
- L’accident a été causé par un jeune de 15 ans aux commandes qui a accidentellement désactivé le pilote automatique.
- Cette tragédie a conduit à un durcissement important des règles de sécurité dans les cockpits
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