voici le prix incroyablement bas du futur parc éolien flottant en Bretagne
Une éolienne flottante dans le parc Provence Grand Large / Image : Révolution Energétique.
Treize éoliennes géantes et de l’électricité vendues 86,45 euros le mégawattheure : c’est le tarif de rachat très bas promis par le lauréat du premier appel d’offres commercial pour une éolienne flottante au large des côtes bretonnes. Pennavel, un consortium composé d’Elicio et BayWa, développera un parc d’une puissance minimale de 250 mégawatts (MW).
Les éoliennes du futur parc Bretagne Sud, premier parc éolien flottant commercial de France, seront situées à 29 km de l’île de Groix et à 19 km de Belle-île. Le projet démarrera en 2029 pour une mise en service prévue en 2032. Il y a quelques semaines, l’État a annoncé le nom de l’entreprise lauréate de l’appel d’offres, qui sera donc chargée de concevoir et de réaliser l’exploitation du parc : il s’agit d’un consortium composé d’Elicio et BayWa re
Un appel d’offres particulièrement surprenant. Outre le retrait surprenant du vrai gagnant, le prix d’achat promis par Elicio et BayWa re est nettement inférieur à celui de ses concurrents : 86,45 euros le mégawattheure (€/MWh). Lors du débat public organisé par la Commission nationale du débat public (CNDP) en 2020, le porteur du projet avait plutôt avancé l’objectif de 120 €/MWh. Elle a justifié ce prix en tenant compte du « caractère innovant du projet, basé sur des technologies encore en phase de démonstration et qui bénéficie de peu de retours d’expérience dans le monde et en Europe. » La valeur moyenne des offres était d’environ 101,74 €/MWh, légèrement en dessous des coûts moyens de production estimés par le ministère de la Transition écologique, entre 120 € et 150 €/MWh. A titre de comparaison, les trois parcs pilotes flottants (entre 25 et 30 MW chacun) en Méditerranée ont obtenu un tarif de rachat de 240 €/MWh.
Lire aussi
Eolien offshore : carte des parcs et projets en France
Une course effrénée pour baisser le prix de l’énergie éolienne
Il y a donc une course à la baisse des tarifs de rachat, afin de justifier une certaine maturité de la technologie éolienne flottante. Les tarifs de rachat sont composés du prix auquel le producteur vend son électricité sur le marché et de la rémunération complémentaire (argent versé par l’État pour combler la différence). Dans ce cas, si le consortium avait remporté l’appel d’offres à 120 €/MWh, il explique qu’il aurait reçu 80 millions d’euros par an, soit 1,6 milliard sur 20 ans. Avoir des gagnants au prix de rachat le plus bas est une bonne nouvelle pour l’État. Car le soutien financier aux énergies renouvelables va diminuer, mais s’il est trop faible, cela peut compromettre la viabilité du projet.
Si l’appel d’offres a pris des mois de retard, c’est parce que le premier lauréat s’est retiré après avoir proposé un prix trop risqué. Le second, actuel lauréat de l’appel d’offres, n’est pas en reste : la CRE a lancé une procédure relative aux offres comportant un prix sous-évalué. L’objectif de cette procédure est de déterminer si le constructeur exploitant propose un prix conforme à ses véritables coûts de construction et d’exploitation. Dans sa conclusion, la Commission de régulation de l’énergie a justifié « ne pas avoir éliminé l’offre » considérant que les risques pesant sur le projet, à savoir une dégradation du taux de retour sur investissement pour les actionnaires, ne seraient pas « nature de remettre en cause la décision d’investissement. »
Les éoliennes flottantes, plus chères que les autres
Les parcs éoliens offshore flottants sont plus éloignés des côtes, et donc généralement moins visibles, que leurs homologues ancrés au fond marin. Les régimes de vent y sont plus favorables donc leur construction est intéressante pour produire plus d’électricité avec plus d’éoliennes. grand. Mais faire flotter une éolienne reste un défi, car les facteurs déstabilisants sont nombreux. Il s’agit de gérer le mouvement de la mer et des pales, la hauteur (chacune mesurera entre 250 et 300 mètres) et le poids de la turbine. La connexion est également une question centrale. Elle est à l’origine d’une augmentation des coûts, supportée par les contribuables puisque le Réseau de Transport d’Électricité (RTE) les supporte (et n’est pas inclus dans le prix d’achat). Un représentant de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) avance un coût de raccordement de 15 €/MWh pour ce parc.