Le Livret A est détenu par 55 millions de Français. Son taux d’intérêt est fixé à 3 % par le gouvernement jusqu’au 31 janvier 2025 pour garantir plus de stabilité et de sécurité à l’épargne. Cependant, avec la baisse de l’inflation, force est de constater que cette approche n’a pas été bénéfique pour les épargnants qui se retrouvent avec un manque à gagner sur les intérêts de leur épargne.
- Pour les Français dont le Livret A a atteint le plafond, soit 22 950 euros, le manque à gagner est de 264 euros.
- Le taux du Livret A aurait dû augmenter à 4,1% le 1er août 2023, puis à 3,9% le 1er février 2024
- La décision de le geler à 3% a provoqué une perte de 5 milliards d’euros pour les 55 millions d’abonnés.
- La formule de calcul du taux du Livret A est basée sur la moyenne arithmétique de la moyenne semestrielle du taux interbancaire à court terme en €STR
En effet, pour les Français dont le Livret A a atteint le plafond, soit 22 950 euros, le manque à gagner est de 264 euros d’intérêts, alors qu’en moyenne, la perte est de 82 euros, selon l’économiste et directeur du Cercle de l’épargne, Philippe Crevel, qui explique à RTL que « A l’époque, on la présentait comme une mesure de sécurité, disant aux Français : « Quoi qu’il arrive, l’inflation doit baisser dans les mois qui viennent pour que vous soyez gagnants en termes de rendement réel ». Ce n’était pas tout à fait le cas « .
Cela s’explique par le fait que le taux du Livret A aurait dû augmenter à 4,1% au 1er août 2023, puis à 3,9% au 1er février 2024. Aussi, la décision de le geler à 3% a généré un manque à gagner de 5 milliards d’euros pour les 55 millions de souscripteurs sur la période d’août 2023 à juillet 2024.
L’économiste et directeur des études économiques à l’IESEG School of Management de l’Université Catholique de Lille, Eric Dor, explique, pour sa part, à Moneyvox, que » lorsqu’en 2023 le taux du Livret A a été laissé à 3% alors que la formule impliquait 4,1%, le maintien de cette mesure jusqu’en janvier 2025 a été officiellement présenté comme une mesure compensatoire pour les épargnants, en partant du raisonnement que l’inflation allait baisser et que cela jouerait en leur faveur. Mais en réalité, il semble que jusqu’en janvier 2025, la formule légale aurait donné un taux supérieur à 3%, et donc que les épargnants auront été pénalisés sur toute la durée de ces mesures « .
Un nouveau manque à gagner attend les souscripteurs du Livret A au second semestre 2024
Il convient également de noter que la formule de calcul du taux du Livret A est basée sur la moyenne arithmétique de la moyenne semestrielle du taux interbancaire à court terme en €STR et de la moyenne semestrielle de l’inflation hors tabac. Compte tenu de l’évolution des deux indices entre janvier et juin, le taux technique du Livret A a été fixé à un taux de 3,10% au 1er août 2024. Sur la base de ces données, Eric Dor prévoit un nouveau manque à gagner en intérêts pour les épargnants au second semestre de l’année en cours 2024.
« Maintenu à 3% d’août 2024 à janvier 2025, le taux du livret A et du LDDS serait toujours inférieur de 0,1% à ce qu’implique la formule légale. Cela impliquerait alors pour les épargnants un nouveau manque à gagner en intérêts, par rapport à l’application de la formule, de 289 millions d’euros sur cette période. « , prédit-il en effet. Il faut toutefois apporter un point positif à la démarche du gouvernement : le rendement réel du Livret A, après déduction de l’inflation, est positif de 0,7 point sur la base d’un taux de 3 % grâce à la baisse de l’inflation. Il était, en effet, de +2,9 % sur un an en février et de 2,3 % en mai, toujours sur un an.
En termes d’alternatives sur lesquelles les Français pourraient se rabattre, Philippe Crevel cite le Livret d’épargne populaire (LEP), dont le taux d’intérêt est de 4%, malgré les conditions de revenus et l’obligation d’avoir un » revenu fiscal de référence inférieur à environ 24 000 euros par an » L’économiste mentionne également, dans ce même chapitre, » le livret de développement durable et solidaire qui rapporte autant que le livret A ; les dépôts à terme avec des taux d’intérêt autour de 3,4%, mais qui sont taxés à 30% avec des prélèvements forfaitaires uniques ; l’assurance vie, le rendement augmente et elle devient compétitive « .