Automobiliste électrique depuis 2021, David roule beaucoup pour ses besoins professionnels et personnels. C’est pourquoi il remplace sa voiture électrique très tôt alors que la fin de la garantie constructeur approche. Il souhaiterait toutefois conserver ses véhicules plus longtemps. D’où cette idée d’une couverture externe spécifique à la batterie qui aurait aussi d’autres bénéfices, dont celui d’ajouter de la confiance sur le marché des VE d’occasion pour les ménages modestes.
Un exemple de situation
David, nous lui avons déjà donné la parole récemment. C’est ce chef d’entreprise de BTP qui a effectué cet été un road trip de 6 000 km en Norvège avec une Renault Scenic E-Tech tractant une caravane pliante. Il est revenu vers nous avec une idée intéressante qu’il souhaitait que nous développions. L’ensemble était si bien ficelé qu’il paraissait difficile de l’expliquer autrement qu’en laissant à nouveau la parole à notre lecteur breton.
Ce dernier s’intéresse beaucoup au monde de l’électromobile. Ce qui nourrit sa réflexion : « J’ai imaginé tout un système suite à une idée avancée un jour par Jean-Christophe de la chaîne EV, je ne me souviens plus quand. Sans suite depuis, j’ai pourtant souhaité qu’il aboutisse, pourquoi pas à travers Automobile Propre qui pourrait toucher des acteurs prêts à aborder le sujet. « .
Par exemple: » Dans les deux ou trois prochaines années, de nombreuses Tesla Model 3 seront hors garantie tout en devenant accessibles à davantage d’automobilistes via le marché de l’occasion. Si la batterie venait à tomber en panne rapidement après l’achat, les conséquences pourraient être catastrophiques pour certains. Venant par exemple de dépenser 16 000 euros pour l’achat du véhicule, beaucoup d’entre eux ne pourront pas payer le mois suivant les 13 000 euros que coûte un échange standard du pack lithium sur cette voiture. « .
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Le cas des rouleaux lourds
David n’a pas forcément l’intention d’acheter une Tesla Model 3 d’occasion de si tôt. Mais ce problème qu’il vient de soulever le concerne aussi, d’une autre manière. Pour rappel, le compteur de sa précédente Kia EV6 avait franchi les 90 000 km après un peu plus de deux ans. D’où sa revente avant de trop s’approcher des 150 000 km qui constituent une des limites de garantie pour ce modèle : « La couverture des batteries des voitures électriques dure très longtemps. Mais, pour de nombreux utilisateurs, les 150 000 ou 160 000 km arrivent bien trop vite « .
Lui-même aurait pu se comporter différemment : « Une assurance externe sécurisant les risques sur la batterie aurait constitué un parachute qui m’aurait permis de conserver la Kia EV6 beaucoup plus longtemps. Je suis content de conduire un VE car ce sont des véhicules plus vertueux. Mais il n’y a absolument aucun avantage à remplacer ma voiture tous les 3 ans. Aujourd’hui, en tant que chef d’entreprise, lorsque je change, je vends à un particulier qui passe du thermique à l’électrique. C’est bien, et j’ai bonne conscience, mais ça ne sera pas toujours comme ça « .
Notre lecteur compare : « On a beaucoup parlé du locabat de Renault. Si cette formule n’était pas forcément bonne à tous les niveaux, elle avait le mérite d’apporter une totale tranquillité d’esprit quant à la durabilité de la batterie. Il faut trouver un meilleur système, et assez rapidement. Depuis 2020, on voit de plus en plus de voitures électriques à fort kilométrage arriver sur le marché de l’occasion. « .
Mise en commun
David en est conscient, » nous ne pouvons pas tout garantir ad vitam aeternam sur une voiture électrique. Il s’agit de trouver la bonne mesure pour donner confiance dans la durabilité des batteries et des véhicules qui les transportent. Aujourd’hui, un assureur aura du mal à proposer quoi que ce soit. Déjà, en raison des prix élevés que pratiquent les constructeurs pour remplacer un pack lithium. Mon idée repose sur la création d’un fonds de solidarité distinct qui ne rentrerait pas dans la sinistralité classique. Il s’occuperait exclusivement des incidents sur les batteries « .
Il ne s’agit pas d’une simple extension de garantie que le constructeur accorderait : « Ce système d’extension habituel est généralement un produit d’assurance qui finit par coûter cher si on le généralise à tout, comme les téléviseurs, les smartphones, etc. La couverture à laquelle je pense permettrait de rouler sereinement. La mutualisation des risques sur les batteries hors garantie améliorerait la confiance et garantirait que nous conservions nos véhicules électriques plus longtemps. « .
En prenant l’exemple d’une Tesla Model 3 : « Je ne prendrais pas le risque d’acheter aujourd’hui une Tesla Model 3 2019 avec 200 000 km pour 20 000 €. En revanche, si une couverture me permettait d’éviter d’éventuelles dépenses en cas de problème de batterie, cela changerait tout. Pour les autres éléments de la voiture, le service après-vente Tesla resterait à ma charge. « .
Normalisation des coûts
Notre lecteur perçoit un possible écueil : « Il me semble que si on ne peut pas mettre en place un tel système, on risque d’assister à un gaspillage énorme avec une abondance de voitures électriques d’occasion qui ne trouveront pas acheteur. Une voiture électrique n’est pas comme les autres. Avec cela, c’est un peu comme avoir un réservoir d’énergie à vie. « .
Dans sa réflexion, David part du principe que la mise en place d’un système de type mutualiste ou fonds de solidarité spécifique aux batteries aurait parmi les effets bénéfiques secondaires de parvenir à une certaine standardisation des coûts : « C’est pourquoi je pense que ce ne serait pas aux constructeurs d’apporter une solution, mais plutôt aux compagnies d’assurance. « .
C’est ce dernier qui pourrait mettre en place » une base de données qui leur serait commune afin d’avoir des statistiques utiles sur les coûts de réparation qui sont actuellement très vagues sur les batteries. Les fabricants et les ateliers seraient obligés de fournir des prix clairs pour les interventions. Le vieillissement des packs serait également observé sérieusement « .
Aspect financier
Le chef d’entreprise donne un exemple de tarification qui ne doit pas forcément être prise au pied de la lettre : « Si 1 000 adhérents paient 120 euros par an, cela pourrait créer un fonds de 100 000 euros, le reste revenant à l’organisme de garantie. Nous avons ainsi de quoi remplacer la batterie en échange standard pour 8 malchanceux propriétaires de Model 3 LR. Le nouveau pack bénéficierait bien entendu toujours de la garantie Tesla de 4 ans et 80 000 km. Dans ces conditions, j’accepte immédiatement « .
David imagine que l’accompagnement n’est pas forcément complet : « Cela ne peut fonctionner que si les assureurs parviennent à générer de la marge. Il s’agit de trouver les bons réglages qui permettraient notamment aux ménages à faibles revenus d’accéder en toute confiance aux voitures électriques d’occasion. Le système rendrait les modèles proposés à des prix abordables attractifs en raison de leur âge et/ou de leur kilométrage. « .
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Un autre acteur de la mobilité électrique aurait pu apporter une valeur ajoutée au système : « Des réseaux de réparateurs spécialisés, comme Revolte e-Garages, pourraient se joindre à la discussion. Un tel système est sans doute susceptible de constituer pour eux un aspect commercial majeur. « . L’électromobiliste convaincu vous séduit aussi : « J’aimerais que la communauté des lecteurs d’Automobile Propre évalue la faisabilité et commente cette idée. Le débat gagnerait à recueillir l’avis des assureurs « .
Automobile Propre et moi remercions infiniment David de nous avoir proposé son idée qui ne demande qu’à se concrétiser.
Afin de ne pas décourager nos lecteurs de témoigner à l’avenir, tout commentaire désobligeant sur nos interviewés, leur vie, leurs choix et/ou leurs idées sera supprimé. Merci pour votre compréhension.
L’avis de l’auteur
Philippe SCHWOEER
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