Vladimir Poutine limoge son ministre de la Défense Sergueï Choïgou et lui trouve un nouveau rôle
MIKHAÏL KLIMENTIEV / AFP
Le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou, en poste depuis 2012, a été limogé ce dimanche 12 mai au soir par Vladimir Poutine. (Photo : Sergueï Choïgu et Poutine en 2017)
INTERNATIONAL – Changement de stratégie. Le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou, en poste depuis 2012, a été limogé ce dimanche 12 mai au soir par Vladimir Poutine. Le président russe a également annoncé un remaniement surprise en profondeur qui intervient quelques jours après l’investiture du président russe pour un cinquième mandat au Kremlin et après plus de deux ans de guerre en Ukraine.
Sergueï Choïgu est remplacé par Andreï Beloussov et devient secrétaire du Conseil de sécurité, poste précédemment occupé par Nikolaï Patrushev, qui est démis de ses fonctions, selon un décret publié par le Kremlin. Le nouveau poste de Sergueï Choïgou est considéré comme supérieur à celui de ministre de la Défense, ce qui lui permet de sauver ses arrières, selon l’agence de presse Reuters.
Incarnation de la stabilité
« Choïgu continuera à travailler dans ce domaine qu’il connaît bien, qu’il connaît très bien de l’intérieur, avec ses collègues et ses partenaires de son ancien lieu de travail »s’est rapidement justifié le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, cité par les agences russes.
Sergueï Choïgou est ministre de la Défense en Russie depuis 2012 et incarnait la stabilité des différents gouvernements sous Vladimir Poutine, tout comme le chef de la diplomatie Sergueï Lavrov, qui conserve son poste de ministre des Affaires étrangères.
Sergueï Choïgou a longtemps eu l’image d’un homme de la situation en Russie, après une longue carrière politique dans la Défense, mais aussi à la tête des pompiers et des services de secours. Preuve de la confiance que lui accorde son mentor Vladimir Poutine, les deux hommes apparaissent souvent comme de bons amis dans la taïga sibérienne, bronzant torse nu ou cueillant des champignons, ou encore jouant dans la même équipe. au hockey sur glace.
Ministre de la Défense pendant 12 ans
Originaire de la région reculée de Touva en Sibérie, Sergueï Choïgou est l’un des très rares Russes non ethniques à avoir occupé un poste gouvernemental de haut niveau après l’effondrement de l’URSS.
Débutant sa carrière politique à l’époque soviétique, il s’installe à Moscou en 1990, où il prend la direction du ministère des Situations d’urgence, devenant ainsi l’un des hommes politiques les plus populaires du pays grâce à la gestion des accidents de la route. avions et tremblements de terre.
Servi sous une douzaine de premiers ministres, il a quitté le ministère des Situations d’urgence en 2012 pour être nommé gouverneur de la région de Moscou, puis ministre de la Défense la même année. Depuis, il semble incarner la stabilité des différents gouvernements sous Vladimir Poutine, tout comme le chef de la diplomatie Sergueï Lavrov, en poste depuis 20 ans.
Critiqué depuis la guerre en Ukraine
Il est nommé général malgré son manque d’expérience militaire de haut niveau et chargé de poursuivre la modernisation de l’armée russe, portant un uniforme qu’il ne semble jamais quitter. Après le lancement de l’assaut russe contre l’Ukraine en février 2022, sa popularité s’est effondrée alors que son armée a subi des revers, embourbée dans des problèmes de logistique et de commandement, contrainte de se retirer de plusieurs secteurs du front.
Malgré une série de revers humiliants pour les troupes russes en Ukraine en 2022, après la première offensive du 24 février de la même année, Vladimir Poutine a maintenu sa confiance en Sergueï Choïgou, malgré les critiques d’une partie de l’aile militaire de l’armée. Ce fut notamment le cas suite à la révolte avortée des combattants du groupe paramilitaire de Wagner, dirigé par Evgeni Prigojine, en juin 2023.
Andreï Beloussov, le remplaçant de Choïgou au ministère de la Défense, est un économiste de formation et n’a aucune formation militaire. Il a été premier vice-président du dernier gouvernement depuis 2020 et l’un des principaux conseillers économiques de Vladimir Poutine ces dernières années.
Les législateurs devraient valider les nominations
Le futur rôle de Nikolaï Patrouchev, secrétaire du Conseil de sécurité depuis 2008 et auparavant chef du FSB lors des deux premiers mandats de Vladimir Poutine au Kremlin, lui sera communiqué « dans les jours à venir »a également précisé Dmitri Peskov.
Le chef du renseignement extérieur (SVR), Sergueï Narychkine, conserve ses prérogatives, tout comme le chef des puissants services de sécurité russes (FSB), Alexandre Bortnikov.
Les représentants de la Douma d’Etat et du Conseil de la Fédération, les deux chambres du Parlement russe, doivent ratifier lundi et mardi ces changements, une formalité car ils sont dominés par Russie unie, le parti de Vladimir Poutine, en l’absence de toute opposition tolérée. .
Ce remaniement intervient au moment où l’armée russe avance dans la région ukrainienne de Kharkiv, quelques jours après avoir lancé un assaut terrestre, et accroît sa pression dans le Donbass, autour de Chassiv Iar.
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