Vladimir Poutine lève une armée de jeunes propagandistes pour soutenir sa guerre en Ukraine
En Europe, depuis février 2022 – si ce n’est avant – une question taraude : comment la population russe peut-elle accepter d’être en guerre avec l’Ukraine ? Pourquoi n’assiste-t-on pas à une rébellion massive des Russes contre des actions qualifiées de dictatoriales de ce côté-ci du monde ? La réponse se trouve, indéniablement, dans la propagande du Kremlin. Celle-ci fonctionne particulièrement bien auprès des jeunes adultes. Selon un sondage du Centre Leveda, une organisation russe indépendante, publié le 30 août, 69 % des 18-24 ans approuvent la guerre en Ukraine, même si 66 % estiment qu’il faut désormais s’orienter vers des accords de paix.
Le Washington Post a enquêté sur cette immense machine de propagande. Ce que les journalistes américains ont découvert nuance quelque peu les chiffres de ce sondage. « La nouvelle génération est éduquée avec l’idée que l’Occident nous déteste, révèle un ancien responsable du Kremlin qui a souhaité rester anonyme. « Maintenant, tout le monde, y compris les jeunes, doit être favorable à la guerre, aux valeurs traditionnelles et à la religion. Il faut être patriote et le montrer. »
Visages de la propagande destinée aux jeunes
Alors que la génération Z est spécialiste des réseaux sociaux et des manifestations en tout genre aux yeux du monde, l’idée de mettre en scène son patriotisme fait des adeptes. Sur Telegram, notamment, nombreux sont ceux qui, malgré leur très jeune âge, véhiculent les idées de Vladimir Poutine sans les remettre en cause. Maryana Naumova, 25 ans, en fait partie. L’ancienne powerlifteuse a même une émission sur la chaîne de télévision contrôlée par le Kremlin.
Maryana Naumova raconte aux téléspectateurs du pays que l’Ukraine a tiré sur ses propres citoyens pendant le siège de Marioupol et que la Russie n’est qu’une victime de cette guerre voulue par les États-Unis. Elle compte plus de 85 000 abonnés sur Telegram. Et elle n’est pas la seule à être devenue une star grâce à la propagande. Ekaterina Mizulina, 40 ans, est à la tête du groupe russe chargé de censurer les contenus Internet qui ne correspondent pas au récit officiel. « Il est l’icône sexuelle de notre époque »s’exclame un adolescent en passant devant le Washington Post. « C’est le Taylor Swift Russe »un autre pense. Tout le monde est d’accord : les Russes ne devraient pas consommer la culture occidentale.
Les manifestants prennent d’énormes risques
Il est difficile de savoir si ces expressions patriotiques sont sincères ou si elles sont motivées par la peur de faire le mal. Ceux qui décident de ne pas se conformer au discours officiel et de véhiculer des messages contraires finissent en prison. Yegor Balazeikin a 18 ans. Il a déjà passé deux ans en prison, sur les six qu’il doit purger pour avoir lancé des cocktails Molotov sur des bureaux de recrutement de l’armée, en signe de protestation contre la guerre. « Je n’ai aucun regret. Je n’espère pas. Je ne supplie pas. Je ne pleure pas. »il a écrit au Washington Post depuis sa cellule.
Ceux qui choisissent de suivre sa voie seront peut-être de moins en moins nombreux. Vladimir Poutine tente de plus en plus tôt de rallier les Russes à sa cause. Le gouvernement a investi 18,6 milliards de roubles (plus de 174 millions d’euros) dans des programmes d’éducation patriotique. Parmi eux figurent des cours obligatoires de techniques de combat et de pilotage de drones dans les lycées.
GrP1