VitiBot, le robot électrique qui révolutionne le travail dans les vignes

CONTREC’est toujours un régal pour ceux qui aiment la nouveauté. Nous sommes au Château La Yotte, à Loupiac, à 30 kilomètres au sud de Bordeaux, et le VitiBot fait des allers-retours, telle une araignée bleue à cheval sur un rang de vigne. Ce robot électrique révolutionnaire travaille en totale autonomie, ici à 6 km/h. Aucun conducteur en vue…

CONTREC’est toujours un régal pour les amateurs de nouveautés. Nous sommes au Château La Yotte, à Loupiac, à 30 kilomètres au sud de Bordeaux, et le VitiBot fait des allers-retours, telle une araignée bleue à cheval sur un rang de vigne. Ce robot électrique révolutionnaire travaille en totale autonomie, ici à 6 km/h. Pas de conducteur en vue, mais des montagnes de technologies embarquées, capteurs et autres caméras.

Édouard Descamps a investi près de 200 000 euros pour se l’offrir (1). A titre de comparaison, un tracteur enjambeur haut de gamme coûte environ 150 000 euros (2). L’homme est à la tête de Viti Morley, un prestataire local qui fournit aux châteaux du matériel (tracteurs, machines à vendanger, pressoirs) et de la main d’œuvre pour réaliser des tâches tout au long de l’année.

VitiBot est fiable, fonctionne bien, avec une dizaine d’heures d’autonomie et ne nécessite aucun entretien particulier.

Manque de conducteurs de tracteurs

« Il est difficile de trouver des conducteurs de tracteurs. Le VitiBot est fiable, fonctionne bien, dispose d’une dizaine d’heures d’autonomie et ne nécessite aucun entretien particulier. C’est aussi une valeur ajoutée pour notre entreprise. » Sans compter que quelques euros suffisent pour le recharger la nuit – contre des centaines de litres de gasoil brûlés par les tracteurs – et qu’avec son poids léger (deux tonnes), il compacte moins le sol et creuse moins d’ornières. Près de 150 VitiBot sont aujourd’hui en activité dans différents vignobles, et de nombreux concurrents investissent désormais ce marché prometteur.

Tout cela est le fruit de dix années de travail de la maison champenoise qui développe cette machine et la perfectionne mois après mois, à coups de mises à jour à distance, comme pour un téléphone. Et c’est avec une télécommande dans la poche qu’Olivier Cazot passe ses journées avec celui qu’il a baptisé Jean-Marc.

Points GPS

La réglementation interdit de laisser seul un tel engin, qui n’est pas juridiquement considéré comme un véhicule. « Même s’il lui est impossible de circuler sur la route ? » note-t-il. « Avant d’entrer dans la parcelle, j’ai marqué les points GPS (cartographie) et c’est comme s’il était dans un enclos. Via satellite, il progresse au centimètre près. S’il détecte une présence humaine, il s’arrête. » Le VitiBot peut cependant bloquer les outils et mieux vaut ne pas s’éloigner pour éviter qu’il ne casse des vignes (3).

Ici, la machine fait ce qu’on appelle le travail du sol. Avec une sorte de charrue, elle bine et désherbe les vignes – au moins six passages par saison – pour éliminer les mauvaises herbes. Un procédé coûteux qui remplace les désherbants chimiques (glyphosate). « Le robot reste au garage plusieurs mois par an », regrette Édouard Descamps. Cela pourrait changer car des développements sont en cours pour qu’il puisse à terme tailler les vignes, tailler le feuillage en été et même épandre des produits phytosanitaires.

(1) Il existe deux types de machines : les classiques, qui passent entre les rangs, et celles qui les enjambent (tracteurs enjambeurs).
(2) Cet outil est éligible aux subventions, via FranceAgriMer.
(3) Dans certains châteaux, les ouvriers effectuent d’autres tâches sur leurs tracteurs et gardent un œil sur le VitiBot.