METOO DU CINÉMA – Les langages continuent de se délier dans le milieu du cinéma dans le cadre du mouvement cinéma Metoo. Après Benoît Jacquot et Jacques Doillon, le réalisateur belge Joachim Lafosse fait l’objet de plusieurs accusations concernant des actes de harcèlement moral ou sexuel et des violences de la part d’anciens collaborateurs, dont Virginie Efira. Ce qu’il défend dans son ensemble : « Je n’ai jamais dénigré publiquement qui que ce soit.
Il s’agit d’une enquête sur Libérer, publié jeudi 11 juin, qui met en avant les témoignages de ces femmes. Le point de départ de cette enquête est la dernière cérémonie des Magrittes du Cinéma (équivalent belge des Césars) qui a eu lieu le 9 mars. La monteuse Sophie Vercruysse, qui a collaboré avec Joachim Lafosse sur six films, a prononcé un discours significatif en recevant son prix pour Le syndrome des amours passées : « L’exception culturelle a trop souvent conduit à un aveuglement exceptionnel face aux rapports de force, au contrôle et à la maltraitance. Un monde où les prédateurs peuvent s’attaquer aux hommes et aux femmes en toute impunité. »
Avec nos collègues de Libérer, Sophie Vercruysse a confirmé quelques semaines plus tard que ce discours visait Joachim Lafosse. Elle témoigne du « cicatrices » reste d’années de collaboration. Dans son sillage, une dizaine de femmes, scénaristes, actrices et techniciennes, témoignent du « Méthode Lafosse »évoquant volontiers un « Système de contrôle » et de « prédation ».
Un système connu de beaucoup, puisque son ancien producteur Jacques-Henri Bronckart affirme quotidiennement qu’il est » clairement la raison pour laquelle (il a) a décidé de ne plus collaborer avec lui.
Une vague de témoignages
L’actrice Virginie Efira a également rompu le silence. Elle revient sur le tournage du film Continuer en 2019, qu’elle décrit comme «le pire tournage» de sa carrière. Elle décrit un réalisateur autoritaire, poussant son équipe à bout : « Il ira au lieu de la transgression, pour vous mettre dans tous vos états, pour que vous soyez déstabilisés, infériorisés, en colère ».
Virginie Efira incarne Joachim Lafosse « quelqu’un qui n’a accès qu’à une seule réalité, la sienne, incapable de se remettre en question, et une sorte de moteur viscéral à vouloir déstabiliser les autres. Générer des conflits pour se sentir vivant, et probablement créer ».
Un réalisateur décrit dans de nombreux témoignages de cette enquête comme brouillant délibérément la frontière entre le professionnel et le personnel avec ses collaborateurs. Un patron qui se montrerait intrusif, bien souvent dans la séduction puis la frustration face au rejet ou à la remise en question de sa méthode.
Un climat d’anxiété générale
Outre Sophie Vercruysse et Virginie Efira, d’autres femmes se sont exprimées pour accuser Joachim Lafosse de comportements liés à différentes formes de violences et de harcèlement sur les plateaux de tournage. Un ancien premier assistant réalisateur sur Ça te rend heureuxdit qu’elle a été publiquement dénigrée : « Il m’a crié devant toute l’équipe : tu es transparent ! Vous n’existez pas ! ». Un deuxième assistant réalisateur l’accuse au même moment d’agression sexuelle et envisage de porter plainte : « Joachim me coince dans un coin, entre un mur et une porte, et m’embrasse ».
Des accusations que le réalisateur nie : « Jamais de ma vie je n’ai poussé quelqu’un dans un coin entre deux portes et je ne l’ai embrassé de force.. Comme indiqué Libérerce dernier a en effet envoyé un mail de plus de dix pages dans lequel il répondait point par point aux différentes accusations, précisant par exemple : « Je n’ai jamais dénigré publiquement qui que ce soit, je pourrais être brusque, stressé et anxieux mais pas humiliant. » Il se souvient également de sa collaboration avec Virginie Efira comme étant « cordial et respectueux ».
Aucune des femmes ayant témoigné dans le cadre de l’enquête de nos confrères n’a à ce jour porté plainte officiellement contre le réalisateur.
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