Pouvoir transférer de l’argent instantanément à n’importe quelle heure du jour et de la nuit, et ce gratuitement, c’était déjà une réalité pour certains Français. Au plus tard ce mercredi 8 janvier, ce sera le cas pour tout le monde, particuliers et entreprises. Les banques de la zone euro doivent en effet se conformer au nouveau règlement européen relatif aux virements instantanés, entré en vigueur en avril dernier, et qui prévoit notamment que le tarif d’un virement instantané ne peut pas être supérieur à celui d’un virement classique, qui est gratuit. Toutes les opérations effectuées en ligne deviennent de facto sans frais.
Jusqu’ici, les virements instantanés sur Internet étaient généralement facturés 1 euro. Mais ils étaient déjà gratuits dans certains réseaux traditionnels, comme à la Banque Postale. Mais aussi dans la plupart des banques en ligne (BoursoBank, BforBank, Fortuneo…).
Au plus tard le 8 janvier, toutes les banques qui n’offraient pas encore la possibilité d’envoyer des virements instantanés devront également s’y convertir. « Par exemple, certaines banques privées ou patrimoniales ne proposaient que du virement classique à leurs clients car cela correspondait à leur modèle », explique Guillaume Yribarren, directeur adjoint conseil chez Galitt et spécialiste des paiements.
« Un outil de souveraineté pour l’Union européenne »
Pourquoi une telle évolution est-elle encouragée par Bruxelles ? « L’objectif est de faire du virement instantané le canal de paiement de l’avenir au niveau européen, décrypte Maxime Chipoy, président de MoneyVox, site d’informations spécialisé dans les finances personnelles. D’abord car cela permet de réduire la part de moyens de paiement qui ne sont pas assez sécurisés comme le chèque. Et surtout, c’est un outil de souveraineté pour l’Union européenne dans le domaine des transactions. »
Notamment car il permet de s’affranchir des réseaux américains Visa ou MasterCard de paiement par carte bancaire. Par exemple, le portefeuille de paiement européen Wero, remplaçant de Paylib pour le transfert d’argent entre particuliers grâce au virement instantané, devrait aussi permettre de régler ses achats en ligne et chez les commerçants d’ici à 2026.
De quoi donner un sérieux coup de fouet au virement instantané. Car selon le dernier bulletin de la Banque de France dédié à la numérisation des paiements, si son utilisation a augmenté de 84 % en 2023 par rapport à 2022, ils ne représentent que 6,4 % du nombre des virements, qui eux-mêmes ne constituent que 16 % des paiements.
Une procédure de vérification du bénéficiaire
Le virement se fait peut-être dans la seconde, mais l’ajout de nouveaux bénéficiaires, lui, ne le sera toujours pas. « Vu le contexte de fraude, les mesures de temporisation qui existent dans beaucoup de banques avant de pouvoir effectuer un virement à un nouveau bénéficiaire restent en vigueur, précise Maxime Chipoy. Il faut parfois attendre 24 ou 48 heures. » Essentiel car avec un virement instantané, le rappel des fonds est impossible en cas d’arnaque ou de fraude.
Une procédure de sécurité supplémentaire devra par ailleurs être mise en place au plus tard le 8 octobre. « La banque de départ va devoir procéder à la vérification du bénéficiaire auprès de la banque d’arrivée des fonds, c’est-à-dire s’assurer que le numéro de compte correspond à l’identité du bénéficiaire que vous aurez renseigné, détaille Guillaume Yribarren. Il faut que l’information soit présentée au client avant que les fonds partent. Et ce contrôle doit se faire à l’échelle européenne. »