vingt morts dans deux attentats islamistes au Daghestan
Ces attaques ont été revendiquées par l’État islamique du Khorasan, qui a perpétré l’attentat de mars dernier à Moscou.
Moscou
Le scénario est malheureusement banal pour la République russe caucasienne du Daghestan, située entre la mer Caspienne et la Tchétchénie. Dimanche soir, au moins six terroristes locaux ont pris d’assaut deux synagogues et une église orthodoxe dans les deux principales villes de la République, Makhachkala et Derbent. À Derbent, une synagogue a été incendiée et un prêtre orthodoxe, Nikolai Kotelnikov, 66 ans, a été tué, la gorge tranchée. A Makhatchkala, des terroristes ont attaqué un commissariat de police, cible habituelle des islamistes dans la région.
Des vidéos des corps ensanglantés de policiers abandonnés au milieu d’un carrefour ont été publiées dimanche soir sur les réseaux sociaux alors que les autorités appelaient les habitants à se réfugier chez eux. Sur les 20 victimes de cette attaque, au moins 17 étaient dans les rangs de la police. Les autorités russes ont affirmé avoir « liquide » – selon leur mandat – six terroristes à la fin de la fusillade.
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Ces attaques sont régulières dans la région depuis les guerres tchétchènes. Premier fournisseur de terroristes russes de l’État islamique, la République du Daghestan est un grand village de 3 millions d’habitants dans lequel tout se sait, et où tout le monde se connaît. Dimanche, deux des assaillants tués par la police n’étaient autres que les deux fils d’un homme politique local, Magomed Omarov, chef du district de Sergokalinski situé entre les deux villes attaquées. Il a été immédiatement interrogé par la police et son nom a été retiré du site officiel de Russie Unie, le parti du Kremlin.
Autre terroriste, Gadjimurad Kaguirov était une petite personnalité locale : âgé de 28 ans, ancien combattant de MMA lié à l’immense star caucasienne Khabib Nurmagomedov, il a été éliminé par la police.
Opérations antiterroristes
Massivement financé par le Kremlin, le Daghestan, république musulmane sunnite, souffre de la radicalisation d’une partie de sa société. Au-delà des opérations antiterroristes régulièrement organisées dans les montagnes, un événement est venu rappeler cet état de fait le 29 octobre. Une foule a pris d’assaut l’aéroport de Makhatchkala pour attaquer un avion en provenance d’Israël, ce qui a pris la forme d’une tentative de pogrom.
Lundi, c’est l’État islamique du Khorasan, connu pour être basé dans le Caucase, en Asie centrale et originaire d’Afghanistan, qui a revendiqué les attentats de Makhachkala et de Derbent. Il s’agit du même groupe terroriste qui a revendiqué l’attaque sanglante contre la salle de concert Crocus City Hall à Moscou, au cours de laquelle 145 personnes ont été tuées en mars dernier. Puis promis de se venger après la diffusion d’images de torture de terroristes par les services russes.
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Trois jours de deuil ont été annoncés au Daghestan mais le drame peine à toucher Moscou. La propagande de guerre n’a de place que pour les désastres venant d’Ukraine. En mars dernier, le Kremlin était allé jusqu’à accuser Kiev d’avoir perpétré l’attentat contre l’hôtel de ville de Crocus. Lundi, les autorités semblaient encore entre deux eaux sur la question. Un député local, Mourad Gadjiev, a mis les pieds dans le plat, accusant l’Ukraine et l’Otan d’être à l’origine de ces attaques… Mais dans un dialogue insolite en Russie, le sénateur Dmitri Rogozine a appelé à la prudence : « Je crois que si nous imputons chaque attaque terroriste impliquant l’intolérance nationale et religieuse, la haine et la russophobie aux machinations de l’Ukraine et de l’OTAN, alors ce brouillard rose nous entraînera dans de gros problèmes. » il a écrit sur ses réseaux sociaux.
Le Kremlin, par la voix de son porte-parole Dmitri Peskov, s’est contenté d’un timide parallèle entre la mort de quatre vacanciers russes à Sébastopol dimanche, après l’interception d’un missile ukrainien, et l’attaque du Daghestan. « Le Président continue de recevoir des informations sur l’aide apportée aux victimes de ces deux attentats et à leurs familles. », a déclaré Dmitri Peskov. Alors que le risque d’attentat avait été annoncé par les services américains quelques jours avant l’attaque de l’hôtel de ville de Crocus, Vladimir Poutine affichait un déni total du risque de terrorisme islamiste en Russie. Un déni dont on ne sait pas s’il affecte réellement les services de sécurité ou s’il ne s’agit que de propagande de guerre.