Darwin et le cauchemar du paon : c’est l’une des curieuses histoires naturelles documentées par la philosophe Vinciane Despret dans son livre Dieu, Darwin, tout et n’importe quoiillustré par Pierre Kroll, qui vient de paraître aux Arènes.
Selon les lois de la sélection naturellele paon, cet animal extrêmement voyant, véritable attraction pour tous les prédateurs, n’aurait pas dû survivre, s’énervait DarwinComment expliquer cette aberration, cette extravagance ? « Darwin se creusera la tête pendant des années avant de résoudre l’énigme, déclare Vinciane Despret, et il trouvera une très belle théorie : le paon ne serait pas l’objet de la sélection naturelle, mais de sélection sexuelle. C’est-à-dire que si les femelles choisissent préférentiellement des paons très colorés avec de belles plumes et de très longues traînes, il est possible que cela produise ces excroissances improbables. Ce serait donc le caprice des femelles, ce sont elles qui détermineraient l’apparence des mâles. » Une preuve supplémentaire que les animaux, comme l’a écrit Darwin, sont sensibles à la beauté.
Chacun a son propre chemin
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Pierre Krol et Vinciane Despret imaginent un bureau des plaintes où les animaux pourraient venir se plaindre à Dieu de leurs inadaptations. « Et puis on s’est dit que Darwin pourrait de temps en temps rectifier un peu les choses, Vinciane Despret rit. Cela donne lieu à un dialogue permanent où Dieu continue d’être complètement convaincu qu’il a créé le monde, et où Darwin se moque de lui. Il lui rappelle par exemple l’élan d’Irlande : pas une grande réussite de la création divine, puisqu’il a… disparu.
Nous apprenons également comment certains bernard-l’ermite forment une chaîne de survie pour s’assurer qu’ils ont toujours une coquille qui leur convient ; nous découvrons que l’ornithorynque, qui semble être « un bricolage de tous les animaux en même temps »s’en sort finalement très bien ; et on se demande qui, de l’homme ou du chien, a domestiqué l’autre…
« Dans ce livre, nous avons essayé de nous demander ce qui nous amuse, ce qui nous étonne dans cette immense inventivité du vivant, explique Vinciant Despret. Que nous apprennent ces étrangers, ces animaux non humains, non pas sur nous-mêmes, mais sur la grande diversité des manières d’être et de vivre ?
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