Le Premier ministre Viktor Orban s’est rendu vendredi à Moscou pour rencontrer Vladimir Poutine.
La Hongrie, qui assure la présidence tournante de l’UE depuis le 1er juillet, a mis en avant ses liens privilégiés avec Moscou pour justifier ce déplacement.
Bruxelles a néanmoins critiqué une visite « exclusivement » bilatérale pour laquelle elle n’a reçu « aucun mandat ».
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Plus de deux ans de guerre en Ukraine
Un voyage en Russie qui s’est mal passé. Quatre jours après avoir endossé ses habits de président du Conseil de l’Union européenne, Viktor Orban s’est rendu à Moscou ce vendredi 5 juillet pour parler de l’Ukraine. Une visite immédiatement critiquée par de nombreuses voix occidentales, qui n’approuvent pas l’initiative.
Ce qui n’était qu’une simple rumeur jeudi est devenu réalité le lendemain matin, lorsqu’un porte-parole de Viktor Orban a confirmé sa présence sur le sol russe. La visite est rapidement devenue l’objet d’un imbroglio diplomatique. Pour Vladimir Poutine, cette rencontre portait le sceau de l’UE : «Je comprends que cette fois-ci, vous êtes venu non seulement en tant que partenaire de longue date, mais aussi en tant que président du Conseil européen.a assuré le maître du Kremlin. Avant d’ajouter : « J’attends que vous me fassiez part de votre position (sur l’Ukraine) et de celle de vos partenaires européens ».
Orban «ne représente en aucune manière l’UE», affirme Josep Borrell
Problème : Bruxelles, de son côté, a rejeté toute responsabilité dans ce tête-à-tête. Selon le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell, Viktor Orban « ne représente donc en aucune manière l’UECharles Michel, le président du Conseil européen, qui réunit les dirigeants des Vingt-Sept, avait réagi jeudi soir à l’annonce officieuse de ce déplacement. « La présidence tournante de l’UE n’a pas pour mandat d’engager un dialogue avec la Russie au nom de l’UE », a écrit le diplomate sur X, insistant sur le fait que pour le 27 « La Russie est l’agresseur, l’Ukraine est la victime » et cela' »« Aucune discussion ne peut avoir lieu sans l’Ukraine. » La solidarité de l’UE avec l’Ukraine ne faiblira pas, a assuré le chancelier allemand Olaf Scholz.
Pour le principal intéressé, cette visite est légitime : « Le nombre de pays capables de dialoguer avec les deux camps en guerre diminue. La Hongrie devient peu à peu le seul pays d’Europe capable de dialoguer avec tout le monde.« , a déclaré Viktor Orban depuis le Kremlin. A l’issue de leur rencontre, le Hongrois n’a pas caché l’impasse dans laquelle se trouve cette guerre : « J’ai constaté que les positions sont très éloignées. (…) Mais pour le rétablissement du dialogue, un premier pas important a été franchi aujourd’hui et je vais continuer ce travail. »
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Selon Moscou, Budapest a proposé cette visite mercredi, au lendemain de la visite du Premier ministre hongrois en Ukraine, pays avec lequel elle entretient des relations difficiles, notamment en raison de ses positions prorusses. Les 32 pays de l’Otan fournissent l’essentiel de l’aide militaire à Kiev, à l’exception de la Hongrie, qui a été exemptée de ce soutien, jugeant qu’il prolonge inutilement la guerre.
Kiev a donc fustigé cette visite à Moscou qui a été décidée « « Nous rappelons que pour notre pays le principe « pas d’accord sur l’Ukraine sans l’Ukraine » reste inviolable.« , a martelé la diplomatie ukrainienne.