Vie quotidienne. Comment parler de puberté et de sexualité avec son adolescent ?

Le corps qui change, les relations aux autres, le début de la sexualité… Votre enfant devient adolescent et traverse l’une des périodes les plus importantes de sa vie, pleine de bouleversements physiques et émotionnels. De nombreuses questions vont se poser : sur le corps, la puberté, le désir, la sexualité. Des sujets difficiles à aborder en tant que parent, mais pourtant essentiels au développement des adolescents : parler de consentement, de contraception, de maladies sexuellement transmissibles est indispensable. D’autant qu’ils peuvent être confrontés très tôt à ces sujets.

Rassurez-vous, la majorité des parents se retrouvent démunis lorsqu’il s’agit de parler de sexualité avec leur adolescent ! « Établir une bonne communication, et ce dès l’enfance, vous facilitera les choses par la suite », assure Arnault Pfersdorff, pédiatre à Strasbourg et auteur du livre Votre adolescent : le décrypter, le motiver, l’aider à réussir.

N’attendez pas

Quand faut-il commencer à aborder ces sujets ? Même s’il n’est pas facile de voir son enfant grandir et gagner en liberté, « il ne faut pas attendre que les seins d’une fille poussent ou qu’un garçon commence à avoir des cheveux pour parler de la puberté, car ce sera déjà un peu trop tard. Si l’enfant s’aperçoit que les parents n’en ont pas parlé, il n’osera jamais le faire car il aura un peu honte », précise la pédiatre. Si votre enfant ne pose pas de questions sur ces sujets, vous pouvez commencer à en parler vers 6-7 ans, pour l’avertir doucement des changements du corps par exemple. Les relations sexuelles peuvent être abordées plus tard, mais n’attendez pas que votre enfant soit sexuellement actif pour en parler.

Plus généralement, dès que votre enfant pose une question, vous devez répondre et adapter votre vocabulaire ou le niveau de détail en fonction de l’âge de votre enfant.

Choisir les bons mots

Le médecin recommande aussi de « dire les bons mots et de ne pas parler de cigognes ou de petites graines ». Il est normal d’être déstabilisé, en tant que parent, lorsque votre enfant pose des questions sur la sexualité. Si vous n’avez pas les bons mots, aidez-vous d’albums ou de bandes dessinées prévus à cet effet, utilisez le jeu et les images.

N’oubliez pas que ces changements corporels seront bouleversants pour votre adolescent, tout comme l’arrivée de ses règles. Vous devez toujours être à l’écoute et prêt à aider votre enfant lorsqu’il en a besoin ; vous êtes l’un de ses points de référence de confiance. De plus, avoir parlé de ces sujets à l’avance lui facilitera la tâche le moment venu.

Il y a aussi des sujets trop intimes pour être abordés avec le parent. Dans ce cas, vous pouvez vous montrer solidaire et proposer à votre adolescent un premier rendez-vous chez le gynécologue, par exemple.

Trouver le bon moment

L’un des plus grands défis sera de trouver le bon moment pour aborder ces sujets. Si vous abordez le sujet de manière trop directe ou trop formelle en disant « il faut qu’on en parle », l’adolescent ne le supportera pas et ne voudra certainement pas entendre ses parents lui parler de sexualité.

« Les parents doivent mettre de côté leurs propres histoires et écouter leurs enfants, observer les changements de leur corps puis trouver une bonne occasion : un voyage, une balade en voiture, une promenade en extérieur, une sortie au cinéma, une balade à vélo. On peut les faire réagir à un film, un événement de société, un événement d’actualité, leur demander comment ils ont interprété telle ou telle chose. L’idée est de rebondir en parlant et en donnant des conseils », suggère Arnault Pfersdorff. D’où l’importance de passer du temps seul avec son adolescent pour faire une activité. « Créer un moment privilégié entre le parent et son enfant favorisera forcément le dialogue », ajoute-t-il.

«Donnez-lui le micro»

Il est également important de respecter le jardin secret de votre enfant et de ne pas le bombarder de questions particulières ni de le mettre en garde. Vous pouvez parler d’amour en général et lui faire comprendre que vous êtes ouverte à en parler davantage s’il le souhaite.

Une autre façon d’aborder ces sujets est de lui poser des questions moins intimes dans un premier temps, « comme lui demander si sa barbe qui pousse le dérange, s’il sait se raser et s’il en a envie. On observe comment il réagit et on peut entamer d’autres discussions par la suite. L’idée est de lui donner le micro et de le laisser s’exprimer et répondre selon la situation », conseille le pédiatre.

Enfin, si le sujet est compliqué, vous pouvez compter sur tout un tas d’informations et de ressources sérieuses à disposition, et ce dès le plus jeune âge. L’essentiel est de ne laisser aucune question sans réponse et d’être toujours à l’écoute.

Arnault Pfersdorff, Votre adolescent : le décrypter, le motiver, l’aider à réussir, Collection parents Hatier, 25,95 euros.