VIDÉO – Une autoroute qui permet de recharger sa voiture électrique en roulant testée près de Nantes
Recharger la batterie d’un camion ou d’une voiture électrique tout en roulant sur l’autoroute. C’est ce qui est testé depuis jeudi 11 juillet sur le campus de l’université Gustave Eiffel, à Bouguenais, en Loire-Atlantique. Ce prototype a été développé par Vinci Autoroutes, qui a répondu à l’appel d’offres du gouvernement pour décarboner le transport routier. Le projet a été conçu spécialement pour les poids lourds électriques, dont les batteries sont très grandesS’ils peuvent être rechargés en roulant, leurs dimensions pourront être réduites, précise Vinci Autoroutes.
Après des tests en laboratoire pour développer la technologie, bobines de cuivre électrifiées placées à 10 cm sous la surface du bitumeLes essais se déroulent désormais en extérieur, à Bouguenais. Différents modèles de ces bobines ont été installés sous une piste ronde sur laquelle tourne une machine tentaculaire. « Nous avons un moteur et quatre bras qui sont équipés de demi-essieux qui vont rouler sur la route jusqu’à 100 km/h pour simuler le trafic réel qui se répartit sur la route »explique Pierre Hornych, chercheur à l’université Gustave Eiffel. La machine lancée ce jeudi va fonctionner pendant environ deux mois, 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24, pour simuler l’effet de 10 à 12 ans de trafic de camions sur cette route. Des capteurs ont été installés dans le bitume pour vérifier s’il se déplace verticalement ou horizontalement sous l’effet du passage des roues.
Réduire la taille de la batterie grâce à l’induction
Cette technologie utilise le principe d’induction. « Nous avons une bobine placée sous la chaussée qui sera reliée électriquement à un système d’alimentation électrique »explique Séverine Ollivier, en charge de l’intégration du système dans les voiries pour Vinci Construction. « Ce système générera un champ électromagnétique qui alimentera les batteries des véhicules qui passeront dessus. »Pour capter l’électricité, il faudra installer un dispositif sous les voitures ou les poids lourds. Vinci Autoroutes assure qu’il ne sera pas nécessaire d’acheter un nouveau véhicule. Il sera possible d’ajouter le capteur à un véhicule existant.
La taxe routière est censée permettre réduire la taille de la batteriece qui constitue encore un obstacle majeur à l’achat de véhicules électriques, notamment pour les poids lourds. « Lorsque vous réduisez la quantité de batteries dans les véhicules, vous réduisez tous les inconvénients liés aux grosses batteries, en particulier pour les véhicules électriques lourds qui parcourent de longues distances, à savoir le besoin de matières premières, l’empreinte carbone de la fabrication de la batterie, le poids supplémentaire et le coût supplémentaire. »explique Pierre Delaigue, directeur des projets mobilité connectée, autonome et électrique chez Vinci Autoroutes. En roulant sur 2 km de voies de recharge, un camion pourrait recevoir 200 kW d’électricité, dont les trois quarts lui permettraient de rouler sans utiliser sa batterie. Le reste irait à la recharge de sa batterie.
4 millions d’euros pour 1 km
Si les tests réalisés à Bouguenais sont concluants, un premier tronçon de 2 km sera installé en fin d’année sur l’A10, au sud de Paris, après le péage de Saint-Arnoult, uniquement dans le sens Paris-province. Vinci Autoroutes prévoit sa mise en service début 2025Le gestionnaire de l’autoroute estime qu’un kilomètre de voies payantes, dans les deux sens, coûtera environ 4 millions d’euros.
L’objectif est de généraliser ces sections d’autoroute à partir de 2030D’ici là, Vinci Autoroutes prévoit d’augmenter le nombre de points de recharge pour voitures électriques sur ses aires de service.