CContrairement à nombre de biopics, « Monsieur Aznavour » a été initié du vivant de l’interprète de « La Bohème ». Mieux, elle avait même été validée par le principal concerné, qui se réjouissait que Mehdi Idir et Grand Corps Malade – avec qui il avait même chanté en duo – soient derrière la caméra pour raconter sa success story. Logiquement, sa mort a retardé la production de ce « Monsieur Aznavour » qui renoue avec une quête de gloire sans fin.
Un chanteur parle d’un chanteur. L’exercice est finalement assez rare. Et cela prend une autre dimension quand on sait que Grand Corps Malade dresse, à travers la figure de Charles Aznavour, le portrait d’un homme obsédé par sa carrière au point d’en oublier l’essentiel… « Si j’écrivais en 2022 la chanson »On j’ai pris le temps », c’est justement parce que moi aussi je ne prends pas assez de temps… Mais, même si je suis chanteur, il m’est impossible de me comparer à Charles Aznavour. Personne n’ose le faire. Cependant, mon expérience dans ce domaine m’a bien servi. Je sais ce que ça fait de monter sur scène, d’être mis en lumière dans vos yeux, d’écrire une chanson… Cela m’a permis de retranscrire certaines émotions et m’a donné une petite longueur d’avance », explique le célèbre slameur.
« Un fils d’immigré, devenu une icône mondiale de la culture française »
De facture classique, « Monsieur Aznavour » revient longuement sur sa collaboration avec le compositeur Pierre Roche, sur sa relation avec Édith Piaf et n’hésite pas à montrer les sacrifices familiaux consentis pour figurer un jour en tête de l’affiche et obtenir un cachet similaire. à celui de Sinatra. Doutes, gloire, égoïsme et drame avec la mort de son fils, né d’adultère, ponctuent cette vie obsessionnelle. Seules ses relations avec l’Arménie sont relativement peu traitées dans un scénario qui préfère se concentrer sur les événements antérieurs au tremblement de terre survenu en 1988.
La prestation de Tahar Rahim
Véritable caméléon, Tahar Rahim se fond pleinement dans la peau de la star. Des prothèses pour transformer son visage, une attelle pour obtenir une mâchoire identique, un travail important sur sa voix pour être davantage dans les graves…
« Comme beaucoup de gens, je pensais connaître Aznavour parce qu’il faisait partie de l’univers familier. Mais en réalité, je ne connaissais pas les détails de son parcours, sa ténacité, les obstacles qu’il a dû surmonter. En plongeant dans sa vie, on se rend compte à quel point il a lutté contre le racisme et la méchanceté, et qu’il a tout surmonté sans jamais se laisser abattre. Il nous donne une leçon de persévérance et d’espoir. C’est un message universel, particulièrement pertinent aujourd’hui, avec ce que nous vivons sur la question de l’immigration. Charles, fils d’immigrés arméniens, est devenu une icône mondiale de la culture française… et c’est magnifique ! », confie l’acteur révélé dans « Un Prophète », dont la performance force une fois de plus le respect et contrebalance une réalisation enfermée dans son côté « officiel » et ne parvient donc pas à développer un véritable point de vue.
« Monsieur Aznavour », de Grand Corps Malade et Mehdi Idir, avec Tahar Rahim, Bastien Bouillon et Marie-Julie Baup. Durée : 2 heures 13 minutes. Sortie en salles le mercredi 23 octobre.