VIDÉO. Quand les taxis volants font face à des vents contraires

Parmi les barges sur la Seine… une plateforme flottante est en cours d’installation. A première vue, une simple barge amarrée au quai. Il s’agit en fait d’une piste d’atterrissage et de décollage de 740 m2 pour un avion électrique : le Volocity.

Fabriqué par la société allemande Volocopter, l’engin est censé rejoindre l’héliport d’Issy Les Moulineaux au centre de Paris une trentaine de fois par jour… survolant ainsi une partie du périphérique et de la Seine. A bord : un pilote et un passager peuvent prendre place. La compagnie souhaite réaliser des vols d’essai pendant les JO, avant de proposer des liaisons commerciales dans la capitale.

Mais le chantier de la plateforme est aujourd’hui critiqué car bien qu’il fasse l’objet d’une autorisation d’installation temporaire sur la Seine… le projet n’a pas reçu beaucoup de feux verts. Le conseil de Paris a voté contre. L’autorité environnementale a émis de nombreuses réserves, notamment en matière de sécurité. L’enquête publique a rendu un avis défavorable.

Quant aux riverains, ils semblent effectivement découvrir ce futur héliport sous leurs fenêtres.

« La plateforme est juste là, derrière les arbres, donc on est vraiment plein axe, souligne Jean-Baptiste Chas qui habite l’immeuble juste en face du quai d’Austerlitz. Je ne savais même pas que cela allait se passer devant chez moi et c’est un peu surprenant étant donné que c’est un quartier dans lequel on est déjà impacté par les nuisances de la circulation automobile. Est-ce que cela ajoutera à la nuisance ? On se pose la question »nous explique-t-il.

Le Volocity est 4 fois plus silencieux qu’un hélicoptère

Le porte-parole du groupe Aéroports de Paris (ADP)

à l’Œil de 20h

Pour Aéroports de Paris, responsable de la construction de cette plateforme, il est nécessaire de tester la machine en conditions réelles dans la ville pour convaincre les habitants :

« Sans expérimentation, les solutions aéronautiques bas carbone ne pourront pas émerger, et les citoyens ne pourront pas se les approprier. Dans ce cas, les craintes liées notamment à la pollution sonore peuvent être levées dans la mesure où le Volocity est 4 fois moins bruyant qu’un hélicoptère. nous écrit le porte-parole d’ADP.

Malgré l’inquiétude des riverains et le refus de la mairie de Paris, la région Île-de-France a financé l’installation de la plateforme sur la Seine et le déploiement de Volocity pour près de 1,5 million d’euros.

Le 29 mai, lors d’une séance plénière du conseil régional, sa présidente Valérie Pécresse balayait les critiques et soutenait fermement le projet en se lançant dans la comparaison entre la machine électrique et l’avion actuel : « Ouvrez les yeux et les oreilles : Hélicoptère/Volocopter, diesel/électrique, pollution/pas de pollution, bruit/pas de bruit. Il n’y a pas besoin de rapports pour le dire ! », elle a insisté.

L’opposition est agacée par cette dépense d’argent public pour un projet qui, selon elle, ne répond pas à l’intérêt général. Pour Céline Malisé, conseillère régionale PCF : « Il n’y a aucun impact économique en Île-de-France, aucune création d’emploi liée à cette innovation et elle ne répond à aucun besoin social donc c’est quand même étonnant de vouloir y aller en force pour être le premier sachant qu’il n’y aura même pas de tout bénéfice économique ou industriel positif« .

Le ministère des Transports a annoncé avoir autorisé des vols expérimentaux pendant les Jeux Olympiques : « Je ne suis pas fan du taxi volant (…) Mais je ne veux pas, au nom de je ne sais quelle idéologie, qu’on se prive de cette expérimentation (…) C’est peut-être le » ambulance de demain Alors soyons pragmatiques, analysons l’impact et faisons une analyse coûts-bénéfices.a déclaré Patrice Vergriete dans un entretien à nos confrères du Parisien.

Quant au collectif « Taxis-Volants non merci », il annonce un rassemblement le 21 juin sur le quai d’Austerlitz, face au futur héliport pour affirmer une nouvelle fois son opposition au projet dans la dernière ligne droite.

Parmi nos sources :

Conclusions de l’enquête publique

Avis de l’Autorité environnementale

Présentation du projet Quai d’Austerlitz par le groupe ADP