Sur le site Internet de la société Coca-Cola, la rubrique Foire aux questions aborde un sujet délicat. « Le goût du Coca‑Cola change-t-il selon les pays ? « . « Pour les avoir testés, je peux vous dire que oui », répond Olivier Cavard, propriétaire d’une épicerie américaine, « In good we trust » à Paris, et passionné de produits agroalimentaires du monde entier. « Partout où je Partez sur la planète, le Coca est la première chose que je bois : Namibie, Afrique du Sud, Kenya, Brésil, États-Unis, Israël, Vietnam, Japon… C’est évident qu’il a un goût différent.
Et pourtant, sur le site de la multinationale du soda, au moment où nous publions cet article, le 10 mai 2024, la réponse est claire et pleine d’emphase. « Que vous le buviez en canette ou en bouteille, Coca‑Cola est toujours le même. La recette est la même, les ingrédients sont les mêmes, le processus de fabrication est le même. Et ils insistent sur le fait en disant : « À chaque fois ».
Mais alors, qui a raison ? Pas Coca-Cola, selon l’expérience que nous avons menée avec Yvan Etchiandas, ingénieur au laboratoire R&D agroalimentaire C&DAC, près de Nancy. Il ne nous reste plus qu’à retourner les étiquettes des Coca-Cola français et américains que nous avons achetés. « Dans les deux cas, le premier ingrédient indiqué est l’eau », commente l’homme à la blouse blanche. Mais dès le deuxième ingrédient, la recette diffère : dans le French Coke, il y a du sucre.
L’ingénieur s’empare alors d’un ramequin de sucre cristallisé, la chose la plus ordinaire. « C’est du sucre blanc, issu de la betterave, qu’on appelle aussi saccharose. » Il goûte. « C’est doux », évidemment. Et au dos de l’étiquette américaine Coca-Cola ? « Sirop de maïs riche en fructose ». En d’autres termes : « Sirop de maïs à haute teneur en fructose ».
« C’est aussi un sucre mais ce n’est pas du saccharose. Ici, nous avons du fructose sous forme de poudre. Yvan Etchiandas attrape alors un pot en plastique et l’ouvre : on y voit des grains blancs qui ressemblent exactement à la poudre précédente. Et pourtant, quand il y goûte, « c’est plus doux ». Il précise : « Le fructose a même un pouvoir sucrant 1,3 fois supérieur au saccharose ».
A quantité égale, cela aura donc un impact sur le goût du produit fini. Mais quand on regarde le tableau d’informations nutritionnelles, toujours sur les bouteilles, on constate que la quantité de sucre n’est pas la même en France, 10,6 %, et aux Etats-Unis, 11 %. Conséquence : « Le Coca-Cola américain sera vraiment plus sucré », constate l’expert. Cette contradiction a été signalée à Coca-Cola dans un email daté du 19 mars 2024. Près de deux mois plus tard, aucune modification n’a été apportée à la Foire Aux Questions.
Mais ce n’est pas la seule différence que nous avons observée. Pour en savoir plus, nous avons organisé une dégustation à l’aveugle de Coca-Cola du Japon, d’Algérie, des États-Unis et de France avec Gabriele Del Carlo, directeur de la sommellerie du palais Royal Monceau, à Paris. Et le résultat est étonnant. Appuyez sur PLAY »!