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Un documentaire diffusé sur la France 5 revient au combat des « Ticklers » dans les années 1960 et 1970.
« Tu es heureux d’être en France! Si ce n’était pas la France, tu serais 10 000 fois plus en merde! » Ces mots ont été publiés par Emmanuel Macron, le 20 décembre 2024, lors de sa visite à Mayotte, six jours après le passage dévastateur du cyclone de Chido sur l’archipel. Cette réponse du chef de l’État au Mahorais, qui lui a parlé de leur colère, de leur désespoir ainsi que de leur impatience, lui a valu un déluge de critiques. Il a également résonné l’histoire de ce territoire de l’océan Indien. Un passé auquel le documentaire intitulé Mayotte, le choix de rester françaisRéalisé par Philippe Tourancheau et écrit par Fabrice D’Almeida, diffusé le dimanche 23 février à 22h40 sur la France 5. Le film revient au désir féroce de ses habitants de rester français. Un combat en particulier a mené dans les années 1960 et 1970 par un groupe de militants, surnommé « Les Tickleus ».
Mayotte, qui fait partie de l’archipel de Comores, est officiellement devenu une colonie française en 1843, après avoir été vendue à la France par un sultan MAlgache en 1841. À la fin du 19e siècle, le protectorat français s’étend également aux comores. En 1946, l’ensemble de l’archipel a acquis le statut de territoire d’outre-mer avec la ville principale de Dzaoudzi. Mais après un référendum organisé en 1958 par le général de Gaulle, soumettant à toutes les colonies la possibilité d’accéder à l’indépendance, le siège du gouvernement territorial est transféré à Moroni, capitale des comoros. Ses dirigeants ont ensuite obtenu l’autonomie interne renforcée des autorités françaises.
Cette décision du gouvernement français est un choc pour Mayotte qui voit son sort scellé par le désir d’indépendance de son voisin comorien. La même année, quatre élus du Mahorais de l’Assemblée territoriale ont déposé une motion exigeant la départementalité de leur île, une façon de se démarquer des autorités comoriennes et d’exprimer de force leur désir d’appartenir à la France. En 1966, les femmes du Mahorais se sont engagées dans le combat et ont fustigé l’autorité territoriale comorienne considérée, selon elles, comme le principal responsable de l’état d’abandon dans lequel l’île est.
« Les femmes, nous ne pouvions pas les corrompre. Ce n’étaient pas des fonctionnaires, nous ne pouvions pas les acheter. »
Charles Novou, militant des mouvements mohorans populairesdans le documentaire
À la tête du mouvement insurrectionnaire féminin qui sera à l’origine du plus grand mouvement politique de Mayotte: Zéna M’DÉRÉ. « Il s’appelle« la mère de Mayotte »raconte Estelle Youssouffa, Mahoraise MP. Une figure tutélaire extrêmement importante parce que c’était une femme instruite (…) qui avait une voix, ce qui est important, car nous sommes une tradition orale. Elle a remporté les élus en leur rappelant leurs engagements. «
Ces femmes, qui sont appelées « Sorodas »ce qui signifie soldat, refuser d’utiliser la violence pour être entendue. « Personne ne nous a appris à nous battreExplique Salama Alloui, ancien membre du mouvement. Nous l’avons fait parce que nous vivions dans une période où nous avons été souffert. C’était notre seul moyen de survie, notre seul moyen de subsistance. » Ces militants Optez pour une arme unique pour dire le moins de combattre et de défier les responsables comoriens visitant Mayotte: The Tickles.
« Les Ticklers ont souffert de ces tortures, c’est-à-dire de chatouiller les ennemis de Mayotte française au lieu de les combattre, les chatouillant physiquement jusqu’à leur mort, en quelque sorte, en riant. »
Charles Novou, activiste du populaire mouvement Moharaisdans le documentaire
Cette façon de manifester son mécontentement et de faire entendre son désir de rester français, afin de forcer les politiques comoriennes de s’aligner sur leurs positions ou de quitter l’île, accompagne les actions du mouvement du Mohorais populaire, dirigé par Marcel Henry. À force de pression, un référendum pour l’auto-détermination des comoros a eu lieu le 22 décembre 1974. , contre 94,6% des voix en faveur de l’indépendance dans les trois autres îles comoriennes.
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« Cette consultation a été le premier acte de reconnaissance de Mayotte française, car elle nous a permis de nous exprimer en nous distinguant des comoriens »Se souvient Charles Novou. Mais PPour les organismes internationaux, seul le résultat du référendum pour tous les comores, ce qui fait le jeu des autorités comoriennes qui proclament unilatéralement l’indépendance de l’ensemble de l’archipel Sans l’accord des élus Mahorais le 6 juillet 1975. La France a ensuite organisé deux consultations à Mayotte en 1976: 99,4% des électeurs votent pour le maintien de Mayotte au sein de la République française. Mayotte devient À l’époque, une autorité locale, puis une communauté départementale en 2001. Et c’est en 2011, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, que ce petit archipel deviendra le 101e département français.
Le documentaire Mayotte, le choix de rester français, Réalisé par Philippe Tourancheau, a été diffusé le dimanche 23 février à 22h40 sur la France 5 et sur la plate-forme France.TV.