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VIDÉO. JoeyStarr, Michalik, Bescond… une soirée contre l’extrême droite au Festival d’Avignon

Entrer dans la Cour d’honneur du Palais des Papes à une heure du matin pour y passer la nuit, c’est déjà arrivé au Festival d’Avignon. Mais jamais pour une nuit de résistance. Alors que le public s’installait dans les gradins, dans la nuit de jeudi à vendredi, il découvrait le message projeté sur le mur de la Cour : « La unica lucha que se pierde es la que se abandona » (le seul combat qu’on perd, c’est celui qu’on abandonne). Les danseurs de Boris Charmatz s’échauffaient. Le premier « Siamo tutti antifascisti » de la soirée éclatait avant le début du spectacle. Premier discours du chorégraphe, complice invité du Festival d’Avignon : « Pas de culture de la démocratie sans démocratie de la culture ! »

Lecture incarnée par JoeyStarr

C’est au tour d’Andrea Bescond, auteur de « Les chatouilles » (Chêne noir). Une artiste bien décidée à motiver les troupes en appelant à bien voter ce dimanche au second tour des législatives, suivie du rappeur-comédien JoeyStarr (présent l’an dernier dans le Off, au Balcon), qui propose une lecture incarnée du recueil de poèmes « Black-Label » de Léon-Gontran Damas (1956). Un homme politique et écrivain qui a participé à l’émergence du mouvement de la Négritude. « Nous les pauvres, nous les rares, nous les moins que rien, nous les chiens, nous les maigres, nous les Nègres« , résonne dans la Cour d’honneur, de la voix rauque et féroce de l’artiste.

La volonté de résister au fascisme

Le Festival d’Avignon s’est associé à la Ville d’Avignon pour organiser cette soirée. Cécile Helle, la maire socialiste d’Avignon dans une région où le RN est omniprésent, fait ce constat : « Nous avons manqué de vigilance »Plus tard dans la soirée, la militante écologiste Camille Etienne a fait écho aux propos de Françoise Giroud, qui a écrit : « C’est ainsi que commence le fascisme. Il ne dit jamais son nom, il rampe, il flotte, quand il pointe le bout de son nez, on dit : C’est lui ? Vous croyez ? Il ne faut pas exagérer ! Et puis un jour, on le prend dans la bouche et il est trop tard pour l’expulser. ».

Alors que la CGT Spectacle – également associée au Festival d’Avignon pour cette nuit à venir – s’invite sur scène, une banderole « Résistons au fascisme » est déployée aux dimensions de la façade du Tribunal. Les militants syndicaux appellent à la mobilisation « dans les urnes et dans les rues » avant de céder la place au collectif des festivaliers qui, tout en lisant un tract de manifestation, en ont profité pour dire que « la police vote RN », réclamer « justice pour Nahel », et crier quelques « ACAB » (Tous les flics sont des salauds, NDLR), slogans que ne partageaient peut-être pas tous les spectateurs présents dans la Cour d’honneur.

La culture qui ne parle qu’à elle-même

« Je pense que nous sommes en partie responsables, nous, les gens de gauche, nous, les gens de culture. Nous avons laissé tomber le peuple. »« Ariane Mnouchkine a écrit dans une tribune publiée le 12 juin dans le quotidien « Libération ». Cette grande voix de la culture, une autorité morale, n’était pas « Je ne suis pas sûr qu’une prise de parole collective des artistes soit utile ou productive »Tiago Rodrigues, directeur du Festival d’Avignon, et les artistes invités ce soir ont affiché leur désaccord : non, les artistes ne doivent pas se taire. Ils doivent même crier encore plus fort. Mais les performances de ce soir passeront-elles à travers les épais murs de la Cour d’honneur du Palais des Papes ? Si certains en sont convaincus, appelant le public à faire le plus de bruit possible car « le monde entier vous regarde », d’autres sont plus sceptiques.

« Le but est de bloquer le RN »

Le dramaturge et directeur de théâtre privé le plus «moliérisé», Alexis Michalik, ramène la Cour sur terre : «Il doit rester environ 40% du public… (après 3h du matin) comme les 40% de la population française qui vote RN.» Pour l’auteur de «Porteur d’histoire» (Chêne Noir), « Cette soirée est utopique et vaine » car il ne rassemble que des convaincus« C’est une soirée où les artistes se retrouvent »et nous pensons qu’étant donné la gravité de la situation politique, se rassembler était nécessaire pour réchauffer un peu les cœurs. « Mais il ne faut pas se dire que c’est à l’abri du Palais des Papes que nous résisterons au fascisme.« , conclut-il.

5h15 : le jour commence à poindre, et Tiago Rodrigues ironise sur la centaine de résistants qui bravent la nuit : « Je ne sais pas si tout le monde a compris… mais l’objectif est de bloquer le RN« Sur le mur, la banderole « Résistez au fascisme » a déjà disparu, le Festival va pouvoir reprendre son cours.

Que restera-t-il de cette soirée ?

Malagigi Boutot

A final year student studying sports and local and world sports news and a good supporter of all sports and Olympic activities and events.

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