VIDÉO. Il collectionne plus de 600 variétés de figuiers dans le Lot

Le figuier est l’un des rares arbres fruitiers que l’on peut planter au printemps. A Douelle, Thierry Demarquest a réuni plus de 600 variétés venues de toute l’Europe.
Rien ne prédestinait Thierry Demarquest à s’installer à la campagne dans le Lot. Le Parisien baigne dans l’univers de la photographie publicitaire, mais il s’intéresse de plus en plus aux jardins et à ce qui l’entoure, car il reçoit ce qu’il appelle lui-même « l’appel de la nature ». En 2008, il laisse tout tomber et s’installe à Douelle. De maraîcher, il est devenu pépiniériste. Un arbre en particulier l’attire comme un aimant et le fascine : le figuier. « C’est un arbre qui m’a troublé. Il a un côté sauvage, à part ses feuilles, son tronc, ses fruits, même sa sexualité, rien ne correspond à ce que l’on sait. Il faut le comprendre et chercher ce que c’est vraiment : un arbre tropical » insiste le passionné.
Un chasseur de trésor
A partir de là, Thierry Demarquest a soif d’apprendre, de tout savoir sur le figuier. L’arbre qu’il a connu enfant en Corse l’entraîne sur des routes et des voyages insoupçonnés. L’autodidacte s’arrête d’abord au Conservatoire Botanique National Méditerranéen de Porquerolles où il se documente, il photographie les feuilles, les fruits, les troncs pour les différencier. Il veut tout voir pour tout goûter. « Ce sont les plantes qui nous appellent, qui poussent à les aimer. J’avais une boulimie pour les cépages. Comme les amateurs de vin, on teste, on fait des recherches, on découvre de nouveaux terroirs » raconte Thierry Demarquest.
La toute première figue d’une variété précoce
Tel un chasseur de trésors, il part à la recherche de variétés différentes sinon de nouvelles. Il sillonne les routes du sud de la France, rencontre d’autres collectionneurs comme dans les Pouilles en Italie, voyage en Espagne, à Ibiza, en Afrique du Nord jusqu’en Egypte pour dénicher ses perles rares. « La saison est courte du 25 août jusqu’à fin septembre voire fin octobre. Dans le Gers ou en Dordogne, le climat est parfait, je parcourais les routes, je regardais le bord des chemins, quand je voyais un figuier, une branche qui sortait, je goûtais le fruit. Si je voyais quelque chose de nouveau, un goût inconnu, je frappais à la porte des gens pour leur demander une bouture », avoue-t-il.
Une invitation au voyage
Aujourd’hui, il possède plus de 600 variétés dans sa pépinière. Le botaniste amateur a puisé dans les archives et les livres, il connaît l’histoire et les légendes entourant cet arbre fascinant. « C’est un arbre sacré. Dans la Rome antique, les gens n’avaient pas le droit de les couper comme ça, il fallait les désacraliser. Il apparaît aussi dans la mythologie grecque et est associé à Dionysos », dit-il. . Le figuier raconte des légendes mais aussi l’histoire de l’humanité.
L’ancien photographe de pub voit en lui le symbole des migrations, des échanges et des voyages. « On peut récupérer des arbres que connaissaient nos ancêtres. Il y avait cette tradition d’avoir un figuier dans chaque jardin. Les différentes vagues de migration ont amené des figuiers d’Italie, d’Espagne, d’Afrique du Nord, des mouvements depuis l’antiquité avec les Phéniciens notamment. En latin En Amérique, on retrouve des arbres apportés par les Espagnols, aux Etats-Unis, ce sont ceux d’Europe. C’est une façon de montrer aux gens qu’on a cette même culture enfin » poursuit Thierry Demarquest.

Plus de 600 variétés de figuiers dans sa pépinière de Douelle
Le spécialiste ouvre sa pépinière aux amateurs, ceux qui recherchent un arbre spécial. Ces arbres donnent des figues de toutes les couleurs allant du vert, jaune au rouge ou noir, quand la pulpe peut être blanche à rouge vif. Les tailles varient également avec des fruits de 15 grammes qui sèchent sur l’arbre pour être cueillis comme des bonbons jusqu’à des fruits de 170 grammes.
Conseil d’Expert
Le figuier est l’un des rares arbres fruitiers qui peut être planté aussi bien au printemps qu’en automne. Thierry Demarquest conseille de le planter contre un mur au sud. « Le mur restitue la chaleur pendant la nuit, le calcaire de la pierre est également très important, il permettra au figuier de boire de l’eau. Les trois premières années sont indispensables, il lui faut de l’eau et de l’engrais pour démarrer. » Le figuier est un arbre robuste, il aime la chaleur mais peut supporter -20 degrés en hiver. « Dès que ça fait du bien, ça devient exubérant, généreux et libre. Il ne faut pas hésiter à le tailler », sourit l’expert.