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Une « pandémie » de « wesh » déferle sur Londres depuis qu’un rappeur britannique l’a utilisé dans l’une de ses chansons. Le linguiste Julien Barret en profite pour revenir sur l’origine de cette interjection, présente en France depuis les années 1990.
L’expression « wesh », utilisée en France depuis les années 1990, commence à être utilisée par les jeunes Londoniens. Une migration linguistique que l’on doit à Central Cee. Fin août, le rappeur britannique, très suivi outre-Manche, l’a effectivement utilisé dans la chanson Voiture de course noir du JRK 19 parisien sur lequel il est invité.
Nabeel, un Londonien présent sur TikTok, est le premier à avoir témoigné de l’ampleur du phénomène dans sa ville : « Londres connaît une ‘pandémie WSH’. Tous ceux que je connais l’utilisent. Je crois que j’ai même entendu mon chat le dire l’autre jour ! ». Avec plus de 600 000 vues et 80 000 likes, la vidéo est rapidement devenue virale.
Le mot « wesh » a bien sûr ses origines étymologique en arabe. Principalement utilisé en Algérie, il est utilisé dans les expressions « Wech rak ? » ce qui veut dire « Comment vas-tu ? » Ou « Wesh, d’accord ? Pour « Qu’est-ce que c’est? ». On peut le comparer à « Quoi » en français, ou « quoi » En anglais.
Julien Barret est linguiste et auteur de Grand livre de punchlines de Sénèque à Nekfeu. Pour lui, « wesh » a évidemment sa source en arabe algérien, mais une autre piste peut aussi expliquer son usage en France au milieu des années 1990 : «Les rappeurs français font revivre le « wesh, wesh, yo » du rap américain. En 1996, le groupe Lunatic sort son morceau désormais culte, Le crime paie en compilation Hostile. Booba commence le titre avec ce fameux « Wesh, wesh, yo » probablement emprunté à « Yesh yesh yo » des rappeurs américains Heltah Skeltah, membres de Fab5, qui l’utilisaient en 1995 sur leur titre Leflaur Leflah Eshkoshka« .
Preuve supplémentaire pour Julien Barret que « Les mots voyagent et n’ont pas de frontières ». Pour lui, les artistes rap sont les premiers pionniers du travail des linguistes et de ceux qui écrivent des dictionnaires : « Ce sont eux qui savent fixer une expression qui vole comme un papillon, la fixer sur un support sonore et écrit. Les dictionnaires, eux, tardent un peu à y remédier.
Et pour enfoncer le clou : « Wesh n’est toujours pas dans le Petit Larousse. Ce qui est quand même assez étrange pour un dictionnaire qui prétend refléter les usages et l’air du temps. »