Vidéo. «C’est reparti pour 15 ans» : à Angeac-Charente, la découverte d’un nouveau dinosaure assure un bel avenir au chantier de fouilles
« Cette nouvelle parcelle, acquise grâce aux carriers, fait 1 000 m², 6 mètres de profondeur…
« Cette nouvelle parcelle, acquise grâce aux carriers, fait 1 000 m², 6 mètres de profondeur. C’est l’équivalent de ce que nous avons déjà fouillé depuis 15 ans », précise le paléontologue charentais qui rappelle la « découverte doublement remarquable » qui y a été faite l’été dernier lors des premiers jours de fouille.
« Tout d’abord, c’est la première fois que nous avons un squelette avec des os articulés. Jusqu’à présent, nous avons trouvé des os dispersés et isolés les uns des autres, ce qui rend plus difficile de savoir s’ils appartenaient au même dinosaure. Ici, nous sommes sûrs qu’il s’agit des ossements du même individu. C’est un arrière-train presque complet, avec côtes et vertèbres, qui a été retiré par les équipes. « Mais le plus étonnant, c’est qu’il s’agit d’un spécimen d’un genre nouveau. » A l’heure d’une sixième extinction massive, l’Homme découvre de nouvelles espèces de… dinosaures.
« Ce sont les os d’un turiasaure, un sauropode de la famille des Camarasaurus. Cela a été confirmé après des analyses réalisées en septembre par le paléontologue Ronan Allain, au Muséum d’histoire naturelle (MHN) de Paris. Il a des dents et des os différents des cinq ou six sauropodes déjà identifiés ici à Angeac.
L’espèce est bien connue aux États-Unis, où les paléontologues estiment qu’elle y vivait il y a entre 155 et 145 millions d’années. « Mais que fait celui-ci ici, en Europe, et si tard, alors qu’on estime que les dinosaures d’Angeac vivaient il y a 140 millions d’années ? « .
Des réponses qui seront probablement apportées lors des travaux de recherche menés tout au long de l’année, mobilisant une vingtaine de scientifiques issus des universités, du CNRS, du Muséum d’histoire naturelle de Paris et du musée d’Angoulême.
« Angeac, c’est un peu une pochette surprise pour les paléontologues français ! »
« L’état de conservation est tel que nous avons bon espoir de retrouver au moins une partie du reste du squelette, voire sa totalité », confie Mazan, un auteur de bande dessinée qui suit les fouilles du site depuis plusieurs années. Ce qui serait une première pour le site. « 18 dents complètes, une mâchoire dans un état de conservation remarquable, même si ce sont souvent ces os qui disparaissent en premier. »
Bien que le spécimen ne soit pas le plus grand découvert sur le site d’Angeac, il mesure tout de même 15 à 20 mètres de long. Un herbivore qui, « compte tenu des dents retrouvées, n’aurait pas dû manger d’herbes tendres, mais plutôt des plantes arbustives et de grosses branches », selon Jean-François Tournepiche, qui ne cache pas son enthousiasme. « Angeac, c’est un peu une pochette surprise pour les paléontologues français ! D’année en année, il s’avère être l’un des plus grands sites de dinosaures d’Europe. Grâce à cette découverte importante pour la paléontologie, nous sommes partis pour 15 ans de fouilles. »