Vidéo « Affaires sensibles ». D’une plage polluée en Inde à une vente aux enchères sur les Champs-Elysées, l’incroyable épopée du « nez » du paquebot « France »
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Durée de la vidéo : 5 min
Le plus beau paquebot de l’histoire allait-il finir misérablement dans un cimetière de navires au bout du monde ? « Affaires sensibles » a rencontré l’auteur du coup de poker qui a sauvé, entre autres parties du navire, le « nez » du « France », avant son arrivée triomphale sur les Champs-Elysées. Un extrait du magazine du 15 septembre 2024.
Triste fin pour un monument national… Malgré la mobilisation de son équipage, le paquebot Francesymbole de prestige lors de son lancement en 1960, n’échappera pas au démantèlement quinze ans plus tard. Racheté par un armateur norvégien et rebaptisé Norvègeelle inaugure la mode des croisières low cost…jusqu’à ce qu’une explosion tragique le réduise à l’état d’épave flottante et de bombe écologique.
Après trois ans d’errance, le navire termine son périple en Inde, sur une plage polluée qui sert de cimetière aux bateaux du monde entier. France On aurait pu s’arrêter là… si ce n’était le culot d’un antiquaire français aux allures d’Indiana Jones. C’est grâce à lui que des pièces du mythique paquebot ont pu revenir sur le sol français. Les journalistes d’Affaires sensibles l’ont rencontré en Provence, où il leur a raconté comment il a sauvé le « nez » du géant des mers.
Avant de s’installer à Mandelieu, Jacques Dworczak a vécu plusieurs années en Inde. Il fut l’un des seuls occidentaux à s’aventurer dans un lieu interdit aux étrangers, le chantier naval d’Alang Bay. Déguisé en ouvrier indien, il prospectait sur la plage, au milieu des flaques de fioul. Dans ce décor apocalyptique, il flaire une bonne affaire. C’est là que le France attendant misérablement d’être désossé…
Avec le projet d’acheter les hublots, il entre en contact avec le ferrailleur indien qui possède la coque du navire. Il s’agit d’un certain Sanjay Mehtaun redoutable homme d’affaires surnommé « l’Anaconda ». Il met le marché entre ses mains : « C’est tout ou rien. » Jacques achète alors : des meubles, de la vaisselle, des tonnes d’objets. Il va même jusqu’à hypothéquer sa maison. Sa compagne s’alarme : « Pendant que vous y êtes, achetez le nez, faites couper l’avant et la proue du bateau ! » À peine dit que c’était fait… Sanjay Mehta accepte de faire découper 4 tonnes de ferraille de l’avant du France et, après quelques rebondissements, Jacques obtient le gigantesque morceau de coque pour 2 500 euros.
C’est ainsi qu’en 2019, le « nez » a atterri sur les Champs-Elysées pour être la pièce maîtresse de la vente aux enchères organisée par Jacques Dworczak. Collectionneurs et simples nostalgiques se sont disputés les 500 pièces du navire – table du salon-bibliothèque, rampe du grand escalier des premières classes… De simples maillons de la chaîne d’ancre ont été vendus jusqu’à 4 000 euros ! Quant au « nez », il a dépassé les 270 000 euros. De quoi largement rembourser les dettes de Jacques…
Extrait de « Les révoltés du France », à voir le 15 septembre 2024 dans « Affaires sensibles », coproduction de France Télévisions, France Inter et l’INA, adapté d’une émission de France Inter.
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