Vidéo. Affaire Adèle Haenel : « Ce procès a une dimension collective »
« Adèle, tu n’es pas seule » : avant l’ouverture de l’audience, une cinquantaine de personnes ont manifesté lundi 9 décembre devant le tribunal judiciaire de Paris au premier jour du procès du réalisateur Christophe Ruggia, jugé pour agressions sexuelles sur l’actrice Adèle. Haenel lorsqu’elle était mineure.
La justice s’est saisie de ce dossier en 2019, après une enquête de Mediapart sur les faits dénoncés par l’actrice, depuis retirée du cinéma.
Pour Cami Girard, militante féministe, quelle que soit l’issue judiciaire de ce procès : « Nous serons toujours là pour vous, nous serons toujours ensemble », « Nous attendons une forme de reconnaissance de l’institution et de la société pour dire : oui, nous vous croyons. », explique la jeune femme.
Adèle Haenel avait 12 ans lors du tournage du film « Les Diables » de Christophe Ruggia. Le long métrage, dont des extraits ont été projetés lors du procès, raconte la fugue perpétuelle d’un frère et d’une sœur autistes abandonnés à la naissance.
« Personnellement, j’apprécie qu’elle fasse cela pour nous tous car il y a une dimension très collective dans le procès, libérer la parole, y compris dans la sphère privée » souligne Sibilla, étudiante parisienne.
« Un enfant toutes les trois minutes est victime de violences sexuelles en France et personne ne veut voir ça », explique Isabelle, militante à la CIIVISE. « Les agresseurs sont nos amis, des gens comme nous et cela impose une telle remise en question de notre société que personne ne veut faire ce travail », explique-t-elle.
Durant l’enquête, Christophe Ruggia niera tout. Les agressions, les déclarations d’amour, le contrôle. Il évoquera la « sensualité » de la comédienne de 12 ans lors du tournage. Les « poses » que prenait Adèle Haenel sur son canapé, ses mouvements de « langue », « dignes d’un film porno », qui le mettaient mal à l’aise, voire le « dégoûtaient ». Il a eu du mal à expliquer ce qu’ils faisaient pendant plusieurs heures, tous ces samedis après-midi. On se souviendra qu’il lui a donné « un goûter » avant de la ramener chez ses parents. Et mettra les accusations sur le compte de « vengeance » car il ne l’aurait finalement pas fait travailler à nouveau.
Christophe Ruggia, jugé pour agressions sexuelles aggravées par la minorité de la victime et sa position d’autorité, encourt jusqu’à 10 ans de prison et 150 000 euros d’amende.
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