Kelkoo, i-bazar, voilà.fr. Qui se souvient de ces sites français ? Et pourtant, à la fin des années 90, ils étaient des stars de la bourse et des chouchous des investisseurs. À l’image des Altavistas et autres Lycos qui ont fait flamber les cours du Nasdaq à New York. Jusqu’en mars 2020. Le 20 de ce mois, les taux d’intérêt ont fortement augmenté et, en quelques semaines, la bulle a éclaté. De nombreuses start-ups déjà impressionnantes, un nom inventé dans les années euphoriques, font faillite et l’économie du Web est obligée de repartir de zéro ou de peu.
L’infrastructure n’était pas prête
Mais qu’est-ce qui a provoqué l’éclatement de cette bulle, à part ces taux d’intérêt embêtants ? Les utilisateurs, les infrastructures et la technologie n’étaient pas du tout prêts à révolutionner le commerce, l’information et tout ce que le Web avait promis aux investisseurs aveuglés par les nouvelles technologies. Un problème qui en rappelle un autre : celui de la voiture électrique.
Depuis plusieurs mois, après une année 2023 plutôt euphorique, les ventes sont en berne. Les gouvernements français et américain revoient leur copie, en assouplissant l’accès aux ZFE, et en assouplissant les obligations de passage à l’électricité. L’Allemagne, par rigueur budgétaire, supprime les primes et la France, pour les mêmes raisons, les réduit. Du côté des constructeurs, le déclin vers le thermique est avéré. BMW et Mercedes refusent d’enterrer le pétrole trop vite et Stellantis sort son bon vieux Citroën Berlingo au fioul. Quant aux marchés, ils hésitent à continuer de miser sur les marques émergentes.
Mais d’un autre côté, pourquoi les automobilistes refusent-ils de suivre le courant électrique ? Parce que les voitures sont trop chères. Parce que les conducteurs ont peur (souvent un fantasme) du manque d’autonomie des voitures et parce qu’ils craignent le manque de simplicité de recharge lorsqu’ils sont loin de chez eux. Autant d’obstacles liés aux infrastructures et à la technologie. Quant au Web il y a 24 ans.
Mais l’explosion de la bulle a-t-elle affecté Internet ? Bien au contraire. Aujourd’hui les GAFAM dominent le monde, le web a en partie vaincu le commerce traditionnel et s’est presque entièrement emparé de la presse papier. Avec de nouvelles entreprises ? Pas nécessairement. Amazon était déjà présent en 2000, tout comme les bons vieux Apple et Microsoft. Quant à certains sites déjà présents, comme Caradisiac créé en 2000, ils ont fait mieux que survivre : ils ont connu le succès après la crise.
Qui survivra à la bulle électrique ? Des nouveaux venus comme Tesla et Byd, ou des anciens comme Stellantis, BMW, Mercedes ou le groupe Volkswagen. Impossible de le savoir, car l’histoire ne se répète pas, tout au plus bégaie-t-elle.
Certes, certaines entreprises technologiques sont mortes au combat, tout comme certaines marques automobiles risquent de mourir à court terme. Mais regardons vers l’avenir dans vingt ans. Quand il sera aussi simple de recharger sa voiture électrique que sa voiture thermique, avec un temps de charge (presque) équivalent à celui d’un réservoir plein et une autonomie au moins similaire à celle d’un moteur diesel.
Totalement utopique et sans aucun fondement scientifique ? Ceux qui pensent ainsi ont dû se dire, en 1997, lors de la création de Netflix, que cette société qui livrait des DVD dans les foyers ne valait pas un sou, et ne deviendrait certainement pas, deux décennies plus tard, le roi du streaming. , en diffusant automatiquement et instantanément des films sur un téléviseur.