Dans son mano a mano commercial avec la Chine, la Commission européenne avance pas à pas, sur une ligne de crête, naviguant entre fermeté affichée et crainte de trop contrarier le gouvernement chinois, prompt à tirer des représailles. Après avoir annoncé, le 4 juillet, l’augmentation provisoire, et en guise de réponse, « compensatoire »Droits de douane sur les importations de véhicules électriques produits en Chine, Bruxelles a franchi mardi 20 août une nouvelle étape vers l’adoption définitive de cette mesure. « défense commerciale » face aux subventions chinoises considérées comme « illégal ».
La Commission, qui enquête depuis octobre 2023 sur les pratiques de concurrence déloyale dans le modèle de subventions chinois, propose une approche différenciée. Les importations de véhicules électriques produits par des entreprises consentantes, celles qui ont coopéré avec les fonctionnaires européens, seraient soumises à une augmentation de 21,3 % de leurs droits de douane, tandis que celles qui n’ont pas joué le jeu de la transparence seraient soumises à un taux de 36,3 %.
En outre, un échantillon de trois entreprises représentatives a été sélectionné par la Commission – en fonction notamment du volume de leurs exportations vers l’Union européenne (UE) – pour lesquelles sont calculés des « droits individuels », c’est-à-dire des taux spécifiques destinés à compenser le volume des subventions qu’elles ont reçues de l’État chinois ou des collectivités locales, sous forme de prêts, d’aides matérielles ou de subventions directes.
BYD se verrait ainsi imposer un droit de douane de 17%. Geely, qui s’associe à de multiples constructeurs européens, devrait s’acquitter de 19,3% de surtaxes aux frontières. Des droits qui grimperont à 36,3% pour le géant SAIC. Les voitures Tesla produites en Chine se verraient imposer un taux de 9%. Ces droits de douane s’ajouteront aux 10% déjà en vigueur.
« Un signal politique »
Avec cette augmentation, « La Commission européenne envoie un signal politique, commente Elvire Fabry, de l’Institut Jacques Delors. D’un côté, nous donnons une bouffée d’air frais aux producteurs européens, de l’autre, avec cette approche graduée et calibrée, la Commission européenne tente de corriger une distorsion de concurrence, sans pour autant fermer l’accès au marché européen. Les véhicules électriques sont le laboratoire d’ajustement de la stratégie commerciale européenne au regard de la surproduction chinoise, qui pourrait être dupliquée dans de nombreux secteurs industriels.
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