Vers un retour d’un ministère de l’Immigration ? Barnier « veut traiter le sujet avec sérieux »
Dans sa première interview télévisée, le Premier ministre avait placé parmi ses priorités la « maîtrise des flux migratoires ». Une manière de répondre aux inquiétudes des électeurs du Rassemblement national.
L’ombre de Nicolas Sarkozy plane-t-elle sur la composition du gouvernement ? Quelques jours après la nomination de Michel Barnier à Matignon, le nouveau Premier ministre continue de trouver ses repères. Après son déplacement à l’hôpital Necker samedi, et son arrivée le lendemain au Stade de France pour la cérémonie de clôture des Jeux paralympiques aux côtés d’Emmanuel Macron, il s’attèle désormais à constituer son équipe. Et à déterminer le périmètre de ses futurs ministres. Alors que l’ancien négociateur en chef du Brexit a promis vendredi soir sur TF1 de faire « contrôle des flux migratoires » sa priorité grâce à « mesures concrètes »FranceInfo s’est fait l’écho ce lundi d’une « réflexion en cours » de créer un ministère de l’Immigration.
Une référence à Nicolas Sarkozy, ancien président de la République de droite, qui a lancé un grand ministère de « l’Immigration, de l’Intégration et de l’Identité nationale », occupé par Brice Hortefeux puis Éric Besson entre 2007 et 2010. Si l’idée est tentante dans le contexte d’un retour des Républicains au pouvoir, Matignon temporise sérieusement. Le successeur de Gabriel Attal « se méfie des annonces et veut traiter le sujet de l’immigration avec sérieux »répond un conseiller de la rue de Varenne. « Sur la méthode, comme sur les contours de cette politique très importante pour les Français »Michel Barnier « réfléchir aux moyens les plus efficaces pour obtenir des résultats »on nous dit de la même source.
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Si le Premier ministre se donne le temps de former son gouvernement, l’idée ne serait pas illogique au vu des propositions que l’ancien ministre de Jacques Chirac avait formulées fin 2021, lors de la campagne pour la primaire républicaine. Il y défendait une « moratoire » sur l’immigration et le durcissement des critères de regroupement familial. Trois ans plus tard, dans une équation politique très différente, Michel Barnier pourrait aussi vouloir entendre les inquiétudes des 11 millions d’électeurs du Rassemblement national aux législatives. Une manière d’éviter ou de repousser autant que possible le vote de censure des députés nationalistes, dont la cheffe de file Marine Le Pen n’a pas refusé sa désignation à Emmanuel Macron. L’ancien candidat à la présidentielle a également fait valoir dans La Tribune du dimanche que Michel Barnier « semblait » avoir « la même observation » que le RN sur l’immigration.
«Ça commence fort»
Que faut-il pour convaincre le parti à la flamme ? Son président Jordan Bardella a simplement estimé que les Français attendent « actes » plutôt que « mots »Et pour bien le souligner : « Le ministère de l’Immigration existe déjà et s’appelle ministère de l’Intérieur. » Cette hypothèse est certes très incertaine, elle a suscité l’indignation d’une partie de la gauche. « Il ne fait aucun doute que c’est le tournant humaniste attendu par les Français mobilisés lors du Front républicain »a plaisanté sur X le leader du Parti socialiste, Olivier Faure.
L’ancienne députée rebelle Clémentine Autain a estimé qu’un tel projet aurait révélé « dividendes versés à la RN » par Michel Barnier. Une allusion à la promesse du RN de ne pas censurer immédiatement le nouveau gouvernement. Même colère à l’aile gauche du camp présidentiel : « Ça commence fort ! Est-ce une priorité en ce moment et dans le contexte ? Si oui, c’est une belle idée de rassembler… l’extrême droite ! »s’est moqué de la députée de la Renaissance, Stella Dupont.
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