La cohérence du gouvernement de Michel Barnier devrait notamment être testée sur la fiscalité et l’immigration, mais un autre sujet pourrait diviser ministres et parlementaires de la nouvelle coalition entre centre et droite : la fin de vie.
L’examen du projet de loi relatif à « l’accompagnement des malades et de la fin de vie », déposé par le gouvernement de Gabriel Attal, avait été interrompu par la dissolution le 9 juin. Mais la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet (Renaissance), a indiqué mardi 24 septembre sur BFMTV qu’elle souhaitait « qu’il soit réexaminé à l’Assemblée nationale avant la fin de l’année. » Selon Matignon, Michel Barnier « clarifiera les choses » lors de sa déclaration de politique générale du 1er octobre.
Pour « de ne pas jeter à la poubelle tout le travail parlementaire, des auditions aux délibérations », Le député de centre-gauche Olivier Falorni – qui siège aux côtés du MoDem – a déposé le 17 septembre une nouvelle proposition de loi. Celle-ci, précise-t-il, « reproduit intégralement et scrupuleusement, mot pour mot, le texte amendé et voté par les députés de la commission spéciale, ainsi que tous les amendements adoptés en séance avant l’interruption définitive des débats. » Celles-ci auraient dû reprendre le lundi 10 juin à 15 heures, pour un vote le 18 juin.
Le nouveau texte a été signé par 169 députés, dont Yaël Braun-Pivet et trois ministres actuels juste avant leur nomination : Agnès Pannier-Runacher (Renaissance), Marc Ferracci (Renaissance) et Paul Christophe (Horizons). A l’inverse, trois d’entre eux avaient voté contre l’article clé définissant la future « mort assistée » en juin : Astrid Panosyan-Bouvet (Renaissance), Annie Genevard (LR) et Patrick Hetzel (LR). Même opposition pour le nouveau ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, à la présidence du groupe LR au Sénat. Bref, au gouvernement, il y a des « fervents partisans et farouches opposants », résume Olivier Falorni.
En tout état de cause, sur une telle question, la liberté de vote s’impose au sein de tous les groupes. Y compris au sein du Rassemblement national, au sein duquel il y a eu, lors du même scrutin public, de nombreux votes contre, mais aussi quelques votes pour.
Le projet de loi du gouvernement de Gabriel Attal n’ayant pas été voté par le Parlement en première lecture, il est réputé caduc. Juridiquement, le projet de loi d’Olivier Falorni est donc un texte nouveau. « Nous partons du début, mais nous ne partons pas de zéro », explique la personne concernée, tout en précisant que « Il ne s’agit pas d’une question parlementaire de niche sur laquelle on pourrait voter en une journée. »
Le texte doit donc être remis à l’ordre du jour. Or, sur les 22 membres du bureau de l’Assemblée nationale, dix ont d’emblée signé le projet de loi. Tandis que parmi les membres non signataires – ce qui ne veut pas forcément dire opposition –, on trouve des élus potentiels de gauche qui le soutiennent. Autrement dit, le texte a toutes les chances d’arriver en commission puis en session. S’agissant d’un projet de loi, comme la loi Leonetti de 2005 puis la loi Claeys-Leonetti de 2016, le Premier ministre pourrait bien ne pas s’engager en s’appuyant sur les prérogatives et, selon la formule consacrée, sur la » sagesse « du Parlement. C’est-à-dire, en réalité, à sa majorité.
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