vers un paysage politique à deux ou trois pôles ?
Favoris dans les sondages, le Rassemblement national et le Nouveau Front populaire (NFP) poussent pour une recomposition, encore incertaine, du paysage politique qui les entoure après les législatives, profitant des déboires du bloc macroniste.
Benjamin Morel, maître de conférences en droit public à l’Université Paris 2, voit « une recomposition » du paysage politique, qui « semble aller vers une +rebipolarisation+ mais autour de deux pôles plus radicaux, à gauche et à l’extrême droite » avec « au milieu, le bloc central, qui ne disparaît pas mais risque d’être roulé ».
Ce bloc central constitue aujourd’hui la majorité relative du président Emmanuel Macron qui a lutté contre « les extrêmes » son principal axe de campagne pour les élections législatives anticipées du 30 juin et du 7 juillet.
Lors de ce vote, « ce sera soit l’extrême droite, soit nous »Marine Tondelier, la patronne des Écologistes, l’a déclaré vendredi.
Le président du RN Jordan Bardella a lui-même désigné le NFP, qui regroupe plusieurs mouvements de gauche de la France Insoumise au Parti socialiste en passant par les écologistes, comme son principal adversaire aux élections législatives.
« Il y a deux groupes politiques qui gagneront ces législatives et qui pourront former un gouvernement, c’est La France insoumise et tous ses alliés de gauche derrière M. Mélenchon, ou c’est « l’alliance entre les Républicains et les Républicains ». Rassemblement national »il a dit.
Mais cette recomposition n’est pas conforme « ni droite ni gauche » défendu pour son parti par Marine Le Pen, rejoignant sur ce point le « dépasser » de gauche et de droite prônée par Emmanuel Macron.
» Coopération «
Marine Le Pen dit vouloir rester dans un « lutte entre les nationaux (…) et les internationalistes-mondialistes » et ne croit pas au retour du clivage droite-gauche.
« L’existence d’une alliance avec une partie de LR ne fait pas du RN un parti de droite. Le RN est un parti patriotique dont l’objectif n’est pas d’être catégorisé. »a-t-elle précisé dans Le Figaro.
Le Premier ministre et chef de campagne de la majorité sortante, Gabriel Attal, défend l’idée de trois blocs, avec l’existence d’un bloc « central » Et « républicain » dont il veut la victoire contre le « deux extrêmes ».
Une vie politique qui se polarise à nouveau, « Ce n’est pas bon pour le centre. Il s’est totalement tiré une balle dans le pied. » avec la dissolution, selon Benjamin Morel. « C’est une élection à deux tours, il faut être au second tour. Si la gauche devance le camp macroniste, dans de nombreuses circonscriptions, le centre disparaît.»il explique.
Au lendemain des élections européennes, marquées par la défaite de la majorité, la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a déploré que son camp n’ait pas « n’a pas réussi à mettre le pays sur cette voie de coopération entre les différentes parties » alors que « c’était l’essence même de la démesure imaginée en 2017 par le président de la République ».
» Effacement «
« Emmanuel Macron n’a pas réussi à créer un consensus autour d’une politique équilibrée. Au contraire, cela a divisé et renforcé les extrêmes. » tandis que son « boussole » l’original était « sortir d’un affrontement largement artificiel entre la droite et la gauche »déplore son ancien conseiller Jean Pisani-Ferry.
« Depuis 2017, nous sommes la majorité des excédents. Le 7 juillet, nous pourrions devenir la minorité de l’effacement”prévient le député sortant Renaissance Gilles Le Gendre.
Mais ces alliances électorales pré-électorales risquent d’être différentes des alliances parlementaires post-électorales, estime Anne-Charlène Bezzina, maître de conférences en droit public à l’université de Rouen.
« Cela dépendra des sièges obtenus. Si chaque bloc obtient un nombre de voix équivalent, on peut imaginer des alliances parlementaires qui seront différentes lorsque les groupes seront constitués » à l’Assemblée, explique-t-elle.
Si deux blocs plus radicaux émergent du second tour le 7 juillet, cela » très difficile « la possibilité de trouver un consensus à l’Assemblée, menacée de ce fait « immobilité »note Mme Bezzina.
Si trois groupes – RN, gauche et majorité – « Des équivalents sortent des élections, la majorité devient très relative » pour l’un d’eux, et le risque est un retour à l’instabilité avec un gouvernement censuré » chaque mois « si les oppositions s’allient.