Après des mois de campagne et de suspense jusqu’aux dernières heures, c’est Donald Trump qui est réélu président des Etats-Unis.
Il est donc possible de déclarer sans sourciller que les immigrés mangent des chiens et des chats, d’être ouvertement climato-sceptique, de mentir plusieurs fois par jour lors d’entretiens ou de réunions, d’être inculpé et de remporter l’élection présidentielle de l’un des plus grands et des plus grands partis politiques. pays puissants du monde.
L’influence de ces élections dépasse largement les États-Unis. Elle aura une influence dans le reste du monde, d’un point de vue économique, politique, géopolitique et climatique. Si les conséquences vont bien au-delà du climat, c’est de climat dont nous allons parler ici. Bienvenue dans Château de Cartes.
De l’état de choc à la stratégie du choc
Difficile de dire si Donald Trump mettra en œuvre tout ce qu’il a dit ces derniers mois sur l’environnement et le climat. Il a annoncé qu’il supprimerait l’Environmental Protection Agency (EPA), qu’il démantelerait la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) et qu’il privatiserait une partie de ses activités… ce qui serait selon lui trop alarmiste. Le discours scientifique étant déjà peu respecté, il sera encore davantage bafoué, tandis que le changement climatique d’origine humaine sera minimisé.
Il a également promis qu’il retirerait à nouveau les États-Unis de l’Accord de Paris. Il est difficile de savoir exactement quelles conséquences cela aurait. En revanche, il est certain que c’est une très mauvaise nouvelle pour les négociations climatiques, à quelques jours du début de la COP29. Il ne faut pas oublier que les États-Unis sont le premier contributeur historique au changement climatique et le deuxième chaque année, encore aujourd’hui.
Si certains commentateurs déclarent depuis ce matin que le maintien de +0,1,5°C « est désormais mort », cet objectif est en réalité déjà enterré depuis longtemps. Il suffit de lire le dernier rapport du GIEC ou les dernières études résumées ici pour le comprendre.
Carbon Brief estimait en mars 2024 que l’élection de Trump pourrait ajouter 4 milliards d’émissions supplémentaires aux États-Unis d’ici 2050. Si le monde se réchauffait à +3,1°C avec les promesses actuelles des États, que se passerait-il ? que se passe-t-il si les promesses s’envolent ?
Quel est le programme de Donald Trump ?
Le sujet ayant à peine été abordé lors des débats, il faut se limiter à quelque chose. Et pour cela, rendez-vous sur le site de Donald Trump, où son programme ressemble farouchement à celui de l’extrême droite française : en quelques lignes, anti immigration, anti voiture électrique (malgré son ami et soutien Elon Musk), baisse d’impôts, etc.
Le mot « climat » n’apparaît pas dans son programme de 16 pages. Le mot environnement non plus. Mais en voici quelques extraits, de quoi comprendre ce qui attend les Etats-Unis pour les 4 prochaines années :
- Faire de l’Amérique le premier producteur d’énergie au monde, et de loin !
- Mettre fin à l’externalisation et faire des États-Unis une superpuissance manufacturière
- Reconstruisez nos villes, y compris Washington DC, pour qu’elles soient sûres, propres et belles.
- Annuler le mandat des véhicules électriques et réduire les réglementations coûteuses et lourdes.
Concernant l’économie, son programme repose sur 5 piliers :
- Réduire les réglementations
- Réduire les impôts
- Conclure des accords de commerce équitable
- Garantir une énergie fiable et abondante à moindre coût
- Promouvoir l’innovation.
Son programme pourrait se résumer par son slogan : Perceuse bébé. Trump entend redevenir le plus grand producteur de combustibles fossiles au monde et fera tout pour y parvenir. Le capitalisme vert proposé par Harris, dans la lignée de Joe Biden, est déjà loin.
Kamala Harris ou Donald Trump, même combat ?
Certains commentateurs disent que pour le climat, Harris ou Trump, c’est la même chose. Oui, Kamali Harris était très loin d’avoir un programme à la hauteur des enjeux. Entre son refus d’interdire la fracturation hydraulique et le développement du Gaz Naturel Liquéfié, dont les États-Unis sont devenus le premier exportateur mondial sous Biden, il est certain que les États-Unis n’auraient pas été sur la bonne trajectoire pour respecter leurs engagements. climatique.
Elle a surtout refusé de trancher et d’avoir une position plus engagée que celle de Joe Biden. Pour rappel, Biden a déclaré «Sous ma présidence, nous avons augmenté de manière responsable notre production pétrolière pour répondre à nos besoins immédiats, sans retarder ni reporter notre transition vers une énergie propre. Nous sommes l’Amérique. Nous pouvons faire les deux.»
Mais soyons clairs : Harris, sur le papier et dans ses promesses, aurait été un bien meilleur choix pour le climat que Donald Trump. Sans aucune hésitation.
Le reste est (encore) à écrire
Cette élection devrait servir de leçon aux hommes politiques du monde entier, en particulier aux partis progressistes et de gauche. Les Américains ont voté et Donald Trump a remporté les élections démocratiquement et sans les voler.
Chacun partira de son commentaire pour expliquer les raisons de la défaite de Kamala Harris. Elle est, comme souvent, multifactorielle, et il est certain qu’il faudrait bien plus qu’un article pour l’expliquer. Pour l’instant, nous pouvons simplement regretter l’élection climatique de Trump, même si le climat n’est qu’un problème sérieux parmi tant d’autres dans cette élection.
Je voudrais conclure avec une phrase de Peter Kalmus, climatologue à la NASA, qui déclarait avant les élections : «Électeurs climatiques, oui, c’est terrible. Votez quand même. Et continuez à vous battre de toutes les autres manières. ». Le reste est encore à écrire.