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Verkor, le joyau isérois qui a déjà levé 3 milliards d’euros

Depuis sa création en 2020, elle se considérait déjà comme la « Northvolt tricolore » des batteries… Quatre ans plus tard, l’Isérois Verkor a enfin bouclé un financement particulièrement capitalistique : car au total, ce sont près de trois milliards d’euros. que la jeune entreprise aura levé, en l’espace de deux ans, pour construire sa grande usine de batteries, dont la production en série est attendue dès l’été 2025.

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Pour rappel, une capacité totale de 16 GWh (soit un volume capable d’équiper 200 000 à 300 000 véhicules) d’ici 2027, et un premier grand contrat déjà signé avec le constructeur français Renault, qui deviendra son actionnaire à partir de 2021, et qui s’est engagé à lui réserver les deux tiers de sa production (12 GWh), au travers d’un contrat de partenariat à long terme. Ces piles équipera notamment le futur crossover 100% électrique d’Alpine dès 2025, ainsi que l’utilitaire électrique, issu du partenariat entre Renault, CMA CGM et Volvo, dès 2026.

Et c’est l’un des arguments qui auront particulièrement pesé auprès des banques, en vue de débloquer ce nouveau financement de 1,38 milliard d’euros, qui résonnait pour la jeune entreprise comme l’ultime étape à franchir avant de pouvoir se lancer pleinement dans son opérations.

19 banques pour 1,38 million d’euros

Ce vendredi, c’est bien un pool « XXL » de 19 banques, dont trois publiques, qui se sont engagées à mettre la main au portefeuille : avec, dans le détail, une enveloppe initiale de 961 millions de prêts verts dits « senior ». , dont environ un tiers bénéficie de la garantie des projets stratégiques (GPS) intentée par l’État français.

Un deuxième prêt de 150 millions d’euros de la Caisse des Dépôts complète le dispositif, tandis que la Banque européenne d’investissement (BEI) confirme à cette occasion son aide de 400 millions (répartie entre 270 millions de prêt direct et 130 millions intermédiés aux banques commerciales participantes), et dont le principe avait déjà été annoncé en septembre dernier.

La table ronde comprend d’une part, côté français, La Banque Postale, les Caisses d’Epargne Hauts-de-France et Rhône-Alpes, Natixis et Société Générale tandis que des banques étrangères complètent également le dispositif (ABN Amro, Banco Santander , ING France).

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Une étape particulièrement cruciale pour la jeune entreprise, qui a dû s’adapter à un climat économique assombri par la hausse des taux d’intérêt, couplé à un fort ralentissement des ventes du marché des véhicules électriques en France, ayant conduit certains constructeurs à revoir à la baisse leurs scénarios d’investissement. .

« C’est sûr que le contexte de financement n’est pas le même aujourd’hui qu’en 2019 ou même 2021, on assiste peut-être à un moment de normalisation dans le secteur de l’électromobilité, mais notre projet est bien construit, avec le soutien d’un groupe comme Renault, un garantie de l’État français, et avec des besoins d’électrification qui restent très élevés. », rappelle La Tribune Benoit Lemaignan, co-fondateur et président de Verkor.

Son cœur d’activité, positionné sur le secteur émergent des batteries, a en effet constitué un défi supplémentaire pour convaincre les investisseurs, et pour lequel la garantie apportée par l’Etat aura joué un rôle :

« Le fait de construire des financements basés sur une technologie industrielle émergente en Europe a nécessité un niveau de technicité contractuelle important, contrairement à d’autres secteurs comme celui des panneaux solaires par exemple, où les technologies sont déjà connues. D’autant que nous ne sommes qu’une poignée d’acteurs, comme Northvolt, à être dans cette situation en Europe. », abonde Benoit Lemaignan.

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Pour rappel, le précédent tour de table bouclé en septembre dernier à 2 milliards d’euros avait marqué l’arrivée de l’industriel australien Macquarie – devenant ainsi son premier actionnaire -, du fonds Meridiam, ainsi que du Fonds de Participation Stratégique (FSP), qui regroupe sept Des compagnies d’assurance françaises dédiées à l’accompagnement des entreprises industrielles et technologiques.

Des travaux à poursuivre et un deuxième projet en préparation

Avec ses 3 milliards d’euros désormais en poche, Verkor peut officiellement « Boucle » le financement de sa gigafactory de Dunkerque, dont les travaux avaient déjà démarré, pour une mise en service prévue au second semestre 2025.

Pour rappel, un budget de construction encore établi à 1,5 milliard d’euros, mais auquel il a fallu également ajouter des coûts supplémentaires, comme l’achat des équipements nécessaires ou la facture énergétique d’une industrie, qui se positionnait comme électro-intensive.

Son plan de développement prévoit 1 200 emplois directs d’ici 2025 et jusqu’à 5 000 emplois indirects sur son site du Grand Port Maritime de Dunkerque, qui bénéficie lui-même du programme de chantiers « clés en main » de l’État. .

Après la finalisation des travaux de génie civil, les travaux de construction des « salles sèches » (qui sont l’équivalent des salles blanches pour l’industrie des batteries, ndlr) pourront commencer, suivis de la livraison des premières machines, attendue dès cet été. . «  Nous comptons aujourd’hui 570 salariés, dont une centaine à Dunkerque, et nous serons le double à la fin de l’année. », ajoute Benoit Lemaignan, pour qui la montée en puissance ne fait que commencer, alors que la formation aLe futur processus de production est déjà en cours dans son centre d’innovation Verkor (VIC) à Grenoble.

Tous les regards sont désormais tournés vers un autre objectif, annoncé précédemment par la pépite iséroise, qui ressemble de plus en plus à une licorne cachée. Car dès 2020, elle prévoyait d’atteindre une production annuelle de 50 GWh par an. Si Dunkerque lui permet de se relever « jusqu’à 20 GWh maximum », le reste pourrait être à l’ordre du jour pour une nouvelle usine, qui semble désormais à sa portée. Pour autant, Benoit Lemaignan ne se précipite pas :

« Le financement que nous venons de boucler concerne uniquement la gigafactory de Dunkerque. Nous discutons ensuite avec de nombreux acteurs, afin de voir comment nous pouvons élargir à un panel de clients avec potentiellement de nouveaux capacités. Mais sur ce sujet, nous sommes encore en phase d’exploration», tempère-t-il.

D’autant que Verkor a déjà un objectif concret : celui d’atteindre 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires d’ici 2027, pour transformer les promesses en livraisons. Un travail que la jeune entreprise iséroise a déjà commencé à jalonner, depuis son site de Grenoble, où des kits batteries volent déjà en aller-retour chez son partenaire Renault.