Verdict attendu pour un ex-prêtre d’Orléans jugé pour viol et agression sexuelle
L’accusé a reconnu sans réserve des centaines de viols et d’agressions sexuelles commis sur des jeunes garçons pendant plusieurs années.
La cour d’assises du Loiret s’est désistée, le 25 mai au matin, pour statuer sur le verdict du procès d’un ancien curé orléanais, âgé de 64 ans, qui avait reconnu « sans réservation » des centaines de viols et d’agressions sexuelles commis contre des jeunes garçons pendant plusieurs années.
La veille, devant une salle interdite et suspendu sur parole, l’ancien curé, Olivier de Scitivaux de Greische – revenu à l’État laïc à sa demande – « tout reconnu sans réserve ».
18 ans d’emprisonnement requis
« Je reconnais, puisqu’il faut user des mots, des attouchements, des caresses, des fellations, des pénétrations digitales et péniennes, tous les faits », a-t-il déclaré. Le considérant coupable d’avoir commis « des centaines de viols et d’agressions sexuelles »le procureur général, Cédric Vincent, a requis 18 ans d’emprisonnement, « une phrase en dessous de la réalité de ses actes »avec une période de sécurité de 9 ans.
Il exigeait également l’obligation de « veille socio-judiciaire », « de soins », « l’interdiction d’exercer toute activité professionnelle ou bénévole impliquant des contacts avec des mineurs » et son inscription au fichier des auteurs d’infractions sexuelles. « Ce qui est frappant, c’est que les actes, les noms (des victimes) sont massifs »a estimé M. Vincent.
Vendredi, lors d’un rare exercice d’aveux, l’accusé a également avoué, pour la première fois, des viols et des agressions sexuelles sur deux autres victimes datant de 1982 – des faits qui n’ont pu être jugés en raison de la prescription. « Vous allez condamner M. de Scitivaux pour combien de victimes ?» a demandé son conseil, Me Damien Brossier. « Vous n’avez pas le droit de le juger » pour des victimes supposées ou pour celles qu’il a reconnues ailleurs, a-t-il poursuivi.
« Gangrène »
Les faits jugés remontent aux années 1990 et 2000 où Olivier de Scitivaux de Greische, ordonné prêtre en 1989, s’est impliqué avec les parents de ses victimes, une famille de trois personnes, s’invitant régulièrement à leur table, restant dormir dans la chambre. de l’aînée, qui sera agressée et violée dès l’âge de 9 ans. « La gangrène, c’est Olivier de Scitivaux car elle s’est propagée dans toute la famille »dénonce l’avocate d’une des victimes, Me Clémence Lemarchand.
Chez eux, pendant que les parents dorment au rez-de-chaussée, dans les somptueuses demeures de la famille Scitivaux, en hiver au chalet d’Abondance (Haute-Savoie) ou en été dans une colonie de vacances à Perros-Guirec (Côtes-d’ Armor), celui qui avait à l’époque 22 à 25 ans de plus que les victimes (âgées de 7 à 9 ans) va leur infliger des violences.
Devant une salle d’audience bondée, dans laquelle de nombreux responsables de l’Église catholique et paroissiens ont pris place depuis mardi, les trois frères et un ami ont raconté à tour de rôle, avec minutie et modestie, les abus qu’ils ont subis chacun. à leur tour, sans savoir que les autres étaient aussi des victimes.
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« Quand il n’y en avait pas un de disponible, il y avait le deuxième ou le troisième »a confirmé l’ancien curé, désignant ainsi les trois frères, quadragénaires aujourd’hui réunis sur le banc des victimes. « Regardez bien ses mains »a insulté le plus jeune de la fratrie mercredi, « c’est dans ses mains que j’ai éjaculé la première fois, ce sont ses mains qui ont donné l’Eucharistie ».
Le plus jeune lui a raconté, devant un tribunal interdit, ces quelques mois où il « on y passait chaque semaine, chaque jour, chaque soir », « au moment où il a utilisé des outils sur mon corps » ou lorsque« il m’a rasé ». Les faits se sont produits jusqu’au début des années 2000. Pourtant, les premières alertes ont été lancées par des animateurs et des familles auprès du diocèse dans les années 1980, par des familles ou des animateurs d’aumônerie en 1998. En vain.
L’Église catholique est secouée depuis des années par des scandales de maltraitance d’enfants à travers le monde et est régulièrement accusée de fermer les yeux sur ces scandales et d’ignorer les victimes. En France, un rapport publié en octobre 2021 estime qu’en 70 ans, environ 330 000 personnes ont été agressées au sein de l’Église alors qu’elles étaient mineures.