Le gouvernement a demandé hier une « évaluation exhaustive » des aides publiques que le groupe pharmaceutique Sanofi a reçues ces dix dernières années alors que la polémique sur la vente du Doliprane à un groupe américain électrise la classe politique.
L’affaire Doliprane qui pourrait être cédée par Sanofi à un groupe américain échauffe les esprits et met en difficulté le gouvernement qui n’avait pas anticipé l’extrême sensibilité du dossier. Il a demandé hier une « évaluation exhaustive » des aides publiques que le groupe pharmaceutique Sanofi a reçues au cours des dix dernières années, a annoncé le ministre de l’Économie Antoine Armand, confirmant la « possible présence de l’État au conseil d’administration » d’Opella. , filiale de Sanofi qui commercialise le Doliprane.
« Car oui, nous soutenons les entreprises, oui, nous soutenons l’emploi et l’industrie, mais cela ne peut se faire n’importe comment et sous n’importe quelles conditions », a-t-il déclaré. Antoine Armand a visité lundi le site de production du Doliprane à Lisieux (Calvados).
Le gouvernement pourrait entrer dans la capitale
Il a de nouveau énuméré les « engagements très précis » discutés avec les parties impliquées dans la transaction en termes de maintien de l’emploi, d’empreinte industrielle, de localisation du siège social et de recherche et développement, sans toutefois convaincre. « Nous sommes prêts à demander des sanctions et l’étude d’une participation « publique » pour que ces engagements soient tenus », a-t-il répété hier. Par ailleurs, « toute la procédure de contrôle des investissements étrangers » en France sera mobilisée si la vente devait être confirmée, a-t-il insisté.
Le groupe pharmaceutique français a annoncé vendredi avoir choisi le fonds d’investissement CD&R pour potentiellement céder le contrôle de son entité de santé grand public Opella, qui commercialise le Doliprane. Ce possible transfert suscite de vives inquiétudes dans l’opinion publique et la classe politique sur les questions de souveraineté sanitaire et d’emploi. Plusieurs voix s’élèvent pour demander à l’Etat de bloquer cette vente.
Montebourg met en garde contre « une grave erreur »
Hier, l’ancien ministre de l’Économie Arnaud Montebourg, à l’origine d’un décret en 2014 autorisant le gouvernement à bloquer les investissements étrangers en France, est sorti de son silence. « Déjà dépendante des médicaments étrangers, la France commettrait une grave erreur en renonçant au Doliprane », estime-t-il.
Parlant plus largement de souveraineté industrielle ou alimentaire, Arnaud Montebourg déclare : « J’aimerais – est-ce un rêve ? – que l’État s’en charge car un pays qui ne produit plus pour satisfaire ses propres besoins s’appauvrit et se dégrade. »