La vie n’est pas au beau fixe sur Wasp-76 b. Depuis sa découverte en 2013, les chercheurs observent en permanence cette exoplanète. La raison ? Son atmosphère incroyable, qui regorge de conditions climatiques toutes plus infernales les unes que les autres.
Si Wasp-76 b peut être comparée à Jupiter par sa nature gazeuse, elle y est bien plus chaude. Il fait 2 400 °C sur sa face éclairée et 1 500 °C sur sa face obscurcie. Car comme la Lune, l’exoplanète affiche une rotation synchrone. Cela signifie qu’elle orbite autour de son étoile, toujours tournée du même côté.
Mieux comprendre les climats mondiaux dans leur ensemble
Depuis 2020, il est établi que cette chaleur a pour conséquence de provoquer des pluies de métal en fusion sur sa face nocturne. Mais des chercheurs de l’Université de Genève (Unige), en Suisse, et du centre de recherche national PlanetS viennent d’aggraver le pedigree de Wasp-76 b en découvrant des vents de fer sur sa face diurne, ce qui complique encore la dynamique climatique de l’exoplanète.
« Les travaux sur Wasp-76 b nous montrent à quel point les conditions atmosphériques peuvent être extrêmes sur les Jupiters ultra-chauds. »déclare David Ehrenreich, professeur associé au Département d’astronomie de la Faculté des sciences de l’Unige, membre de PlanetS et co-auteur de l’étude publiée dans Astronomy & Astrophysics. « L’analyse approfondie de ce type de planète nous fournit des informations précieuses pour mieux comprendre les climats planétaires dans leur ensemble. »il continue.
Pour réaliser leurs observations, les chercheurs se sont concentrés sur la face diurne de la planète afin de l’observer avec une haute résolution spectrale dans le domaine de la lumière visible. Pour cela, ils ont utilisé le spectrographe Espresso, réputé pour sa précision et sa stabilité. Bien que cet instrument soit installé au Chili, il a été en grande partie construit par l’Université de Genève.
« La capacité d’Espresso à réaliser des mesures aussi précises est cruciale »assure Christophe Lovis, professeur associé au département d’astronomie de la Faculté des sciences de l’Unige. « Ce niveau de précision nous permet d’explorer les processus dynamiques dans les atmosphères des exoplanètes, telles que Wasp-76 b, avec un niveau de détail sans précédent. »
Les premières observations optiques aussi détaillées jamais réalisées
Le spectrographe a capturé des spectres à haute résolution de Wasp-76 b. C’est à partir de ces plages de lumière que les scientifiques ont détecté « un flux d’atomes de fer se déplaçant des couches inférieures vers les couches supérieures de l’atmosphère »détaille un communiqué de presse de l’Université de Genève.
« C’est la première fois que des observations optiques aussi détaillées sont réalisées sur la face diurne de cette exoplanète, ce qui fournit des données essentielles sur sa structure atmosphérique. »explique Ana Rita Costa Silva, doctorante à l’Institut d’Astrophysique et des Sciences Spatiales de Lisbonne (Portugal) en visite prolongée à l’Unige et auteur principal de l’étude.
Les puissants vents de fer observés sur Wasp-76 b devraient aider les chercheurs à mieux comprendre les climats exoplanétaires. Selon Ana Rita Costa Silva, ces vents seraient probablement alimentés par un point chaud dans l’atmosphère. Toutes les découvertes faites sur Wasp-76 b ces dernières années devraient permettre de dresser un modèle 3D du climat des exoplanètes avec une plus grande précision. L’objectif à long terme est de pouvoir prédire des phénomènes similaires dès la découverte de nouvelles exoplanètes.
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