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Vendre l’eau de fonte de la calotte glaciaire ? Une idée folle, partiellement approuvée par le gouvernement du Groenland


La calotte glaciaire du Groenland représente environ 6,5 % de l’eau douce de la planète. De quoi faire tourner la tête de certains entrepreneurs, bien décidés à ne pas passer à côté de cette opportunité « or blanc ». C’est le cas d’Arctic Water Bank, une start-up dont le projet de collecter l’eau provenant de la fonte des glaciers et de l’expédier à l’étranger a déjà été partiellement approuvé par le gouvernement du Groenland, rapporte Wired dans un article publié le 19 septembre.

Droits exclusifs pour les 20 prochaines années

« C’est l’une des eaux les plus propres du monde. Quiconque a goûté à l’eau de la Groenland sait que c’est de l’or blanc pur », explique dans les colonnes de The Wired Samir Ben Tabib, co-fondateur et responsable des relations internationales deBanque d’eau de l’Arctique.

Le projet de la start-up ? Construire un barrage dans le sud du Groenland pour recueillir l’eau de fonte des glaciers et la transporter ensuite à travers le monde à bord de navires-citernes, rapporte Wired.

Dans les entrailles du Groenland, immergé sous la calotte glaciaire

Selon les documents consultés par les médias américains, la start-up dispose déjà des autorisations initiales nécessaires pour développer son projet : le gouvernement lui a en effet accordé le droit exclusif d’utiliser toute l’eau et la glace d’une rivière près de la ville de Narsaq pendant les 20 prochaines années.

Il produit en moyenne 21,3 milliards de litres d’eau chaque année, soit la quasi-totalité de l’eau de fonte de la calotte glaciaire du Groenland. Pour construire son barrage, l’entreprise devra d’abord réaliser une étude d’impact environnemental (EIE). Un obstacle qui n’en serait pas vraiment un : la construction de barrages n’est pas une nouveauté dans le pays, encore très préservé, rapporte Wired.

« Nous disposons dans cette région d’une des ressources les plus précieuses au monde, et en abondance, et nous voulons faire passer ce message aux investisseurs et aux marchés potentiels », ajoute dans les colonnes Naaja H. Nathanielsen, ministre du Commerce et des Affaires du Groenland.

Selon le ministre, « L’objectif est double » : « Il s’agit de nouvelles sources de revenus pour le pays, ainsi que du développement des entreprises locales et de la création d’emplois associés. »

Transporter l’eau ou la dessaler ?

Ce n’est pas la première fois que l’on tente de capter l’eau de fonte des glaciers. Les fondateurs de l’Arctic Water Bank avaient eux-mêmes fondé la société Arctic Ice, qui proposait d’expédier de la glace récoltée en mer vers des bars à cocktails à l’étranger, notamment aux Émirats arabes unis. À la fin des années 1990, les Pays-Bas ont tenté d’importer de l’eau des fjords norvégiens, sans succès. Plus récemment, nous avons évoqué les projets des « chasseurs d’icebergs », qui cherchent à capturer et remorquer des monuments gelés pour les amener dans des régions en manque d’eau.

« En raison des monopoles, les mauvaises idées peuvent perdurer beaucoup plus longtemps que prévu dans le secteur de l’eau », David Zetland, professeur adjoint à l’université de Leyde, qui étudie l’économie politique de l’eau, doute que le projet de Banque des eaux de l’Arctique puisse concurrencer les prix du marché de l’eau du robinet et le prix de la dessalement, qui, selon Zetland, coûte actuellement environ 1 dollar pour 1 000 litres.

Guy Alaerts, professeur à l’Institut IHE de Delft pour l’éducation à l’eau aux Pays-Bas, n’est pas aussi catégorique : « Le dessalement est très coûteux en énergie, donc si l’énergie est chère, alors peut-être qu’il pourrait devenir compétitif d’importer de l’eau à la place (…) Je dirais que ce n’est pas une solution générale au problème de la pénurie mondiale d’eau potable, mais cela peut fonctionner dans certains endroits comme solution d’urgence ou comme complément aux ressources en eau. »

La question du transport fluvial sera également déterminante quant à la viabilité du projet. « Je ne pense pas que quiconque ait évalué l’empreinte hydrique et énergétique des deux options : transporter l’eau ou la dessaler », précise Guy Alaerts. « Ce n’est pas un très long voyage pour transporter de l’eau du Groenland jusqu’à la côte est des États-Unis, par exemple, mais s’il faut la transporter jusqu’en Californie, qui est une région plus sèche, il faut alors faire le tour du continent, ce qui risque d’être trop coûteux. Je pense que les calculs devront être faits au cas par cas. »

« Tout le monde pense que le monde est un endroit humide avec quelques déserts, mais d’ici 2050, ce sera différent. Le monde sera principalement un endroit sec avec seulement quelques endroits et pays disposant de beaucoup d’eau. » conclut-il.

GrP1

Ray Richard

Head of technical department in some websites, I have been in the field of electronic journalism for 12 years and I am interested in travel, trips and discovering the world of technology.
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