La chaleur estivale pousse de nombreux propriétaires, mais aussi locataires, à envisager l’installation d’un climatiseur. Est-ce vraiment rentable ? RMC Conso a interrogé deux spécialistes.
Une installation controversée. Même si des progrès ont été réalisés sur l’impact écologique de la climatisation ces dernières années, ces installations sont encore responsables de près de 5% des émissions de carbone, selon les chiffres de l’Agence de la transition écologique (Ademe).
Malgré cela, les vagues de chaleur successives ont obligé les Français à s’équiper. Plus de 25 % des foyers en sont actuellement dotés, contre seulement 11 % en 2015, selon l’agence. Faites-vous partie des ménages qui envisagent d’installer un système de climatisation ? RMC Conso a interrogé des spécialistes du sujet sur les deux modèles les plus prisés par les particuliers : le « monobloc » et le « split ».
L’option monobloc la plus économique
Les modèles monoblocs sont des appareils constitués d’une seule unité à placer dans la pièce à refroidir, qui ne doit pas dépasser 30 m². En détail, il existe deux versions : mobile et fixe.
Le premier est posé sur roulettes, peut être déplacé d’une pièce à l’autre et évacue l’air chaud à l’extérieur grâce à un tuyau qui doit obligatoirement déboucher sur une fenêtre. Le second est un bloc fixé au mur qui nécessite de réaliser des trous « pour laisser sortir l’air chaud », explique Jean-Claude Rancurel, plombier-chauffagiste chez RMC Conso.
« On retrouve tous les composants d’un appareil classique, à savoir un compresseur, un moteur et un ventilateur dans le même bloc, d’où son nom. C’est une installation qui est par conséquent assez bruyante », explique un frigoriste de Climetude, entreprise spécialisée dans la climatisation.
Des modèles trop fragiles
Même si ces appareils sont généralement loués pour leur prix attractif, qui oscille entre « 300 et 600 euros » en moyenne, les deux spécialistes interrogés par RMC Conso les déconseillent.
« Déplacer un climatiseur monobloc mobile peut provoquer des micro-fuites de gaz dans les tuyaux de réfrigération. Un an plus tard, lorsque les utilisateurs voudront le rebrancher, ils constateront que leur appareil ne fonctionne plus. Et leur garantie est généralement limitée à un an », prévient l’expert en climatisation de Climetude.
Les propriétaires de l’appareil sont alors contraints de faire appel à un installateur pour réparer la fuite. « Entre la réparation qui s’élève à au moins 250 euros, la recharge de gaz à changer et la main d’oeuvre, la facture s’élèvera entre 600 et 900 euros », ajoute le spécialiste.
A cela s’ajoute le fait que la plupart des installateurs refusent de se déplacer à domicile pour ce type d’appareil. La raison est qu’il « faut démonter tout le châssis, ainsi que les pièces de l’appareil… », explique-t-il.
Les modèles monoblocs fixes sont particulièrement déconseillés aux locataires. « Il faut percer deux trous d’environ 10 centimètres de diamètre et cela peut provoquer des fissures dans le béton », prévient le frigoriste. La copropriété ou le bailleur peuvent donc intenter une action en justice contre le ménage concerné.
Installations séparées pour les grandes surfaces
« Les modèles monosplit et multisplit sont ceux qui sont le plus souvent installés chez les particuliers », explique Jean-Claude Rancurel. Ce sont en effet les climatiseurs les plus adaptés aux surfaces supérieures à 30 m².
La version monosplit est composée d’une unité intérieure et d’une unité extérieure. Le multisplit, quant à lui, possède plusieurs unités intérieures, toutes reliées au même moteur présent dans une seule unité extérieure. Les deux modèles doivent être installés par des professionnels.
En effet, pour être vraiment efficace et éviter les pertes de fraîcheur « l’installation doit être bien conçue » affirme le spécialiste de Climetude.
« La puissance de l’appareil choisi dépend de la surface de la pièce concernée par l’installation, mais aussi de la configuration du logement, de son exposition et du type de fenêtre », explique Jean-Claude Rancurel.
Le taux d’ensoleillement doit également être pris en compte par le professionnel avant l’installation. « Pour estimer la puissance de l’appareil à installer, les installateurs peu expérimentés prennent un ratio par m², mais ce n’est pas toujours bon, car il faut aussi tenir compte du type d’exposition de la pièce. »
« Une pièce avec quatre baies vitrées et exposée plein sud n’a pas besoin de la même puissance que la même pièce exposée plein nord, qui aura besoin de moins de puissance pour être correctement refroidie », insiste le frigoriste.
Les systèmes de climatisation split ne peuvent être intéressants que s’ils sont installés par des professionnels qui ont pris le temps d’étudier la surface, l’ensoleillement, le nombre de fenêtres, etc. Mais ce n’est pas tout, puisqu’il faut également prendre en compte l’isolation globale de l’habitation.
L’importance de l’isolation globale
« L’isolation, c’est l’ABC », insiste Jean-Claude Rancurel. Car plus le logement est mal isolé, plus les pertes de chaleur seront importantes et plus la facture énergétique sera élevée. « Si vous voulez consommer moins d’électricité, il est indispensable de commencer par renforcer votre isolation si elle est insuffisante », recommande-t-il.
« Au contraire, mieux le logement est isolé, plus l’installation sera performante et moins elle consommera d’énergie. Une bonne isolation permet d’éviter les pertes de fraîcheur en été et de chaleur en hiver », ajoute le spécialiste.
Il est donc impératif de faire appel à un professionnel qui prenne en compte les différents facteurs qui vont influer sur le montant de votre facture. Cela vous évitera de devoir payer des factures d’énergie très élevées. Mais un service de qualité a un coût, et il faut compter « au moins 4 000 euros » pour une petite puissance, explique le spécialiste de Climétude.
Si vous êtes locataire et que vous hésitez à installer la climatisation, malgré l’accord de votre propriétaire, sachez qu’en cas de déménagement, vous pourrez faire désinstaller votre appareil par un expert afin de l’emporter dans votre nouveau logement.
