C’était attendu, c’est désormais officiel. Un premier malade infecté par le nouveau variant du virus de la variole du singe (mpox, ex-monkeypox) a été identifié en France, annonce ce lundi soir le ministère de la Santé. Il s’agit d’une femme hospitalisée au CHU de Rennes mais dont l’état n’inspirerait pas d’inquiétude, selon Ouest-France.
Cette nouvelle souche, le clade Ib, a été identifiée en premier en République démocratique du Congo (RDC), fin 2023. Elle s’est ensuite propagée à d’autres pays africains et a fini par atteindre le reste du monde, à partir de l’été dernier. La Suède, d’abord, avec un premier cas confirmé le 15 août. Puis la Thaïlande, quelques jours plus tard, et l’Allemagne, le 22 octobre. Au Royaume-Uni, un premier malade a été détecté le 30 octobre puis deux autres, vivant au sein du même foyer, une semaine plus tard. Enfin, un premier cas a été recensé en Belgique en décembre.
La patiente hospitalisée à Rennes « n’avait pas voyagé en Afrique centrale » mais elle « a été en contact avec deux personnes de retour » de cette région à risque, selon le ministère. Et d’ajouter que « les investigations sont en cours pour rechercher l’origine de la contamination et identifier l’ensemble des personnes contacts ».
Un autre variant circule déjà en France
Depuis la mi-août, médecins et laboratoires en France avaient été appelés à la plus grande vigilance face à toute suspicion. Comme beaucoup de ses confrères, l’infectiologue Karine Lacombe s’attendait à ce qu’un cas du clade 1b finisse par être détecté. « On a déjà alerté toutes nos structures ambulatoires », nous confiait la cheffe de service des maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Antoine (AP-HP) mi-août. Le but est d’inciter ces malades à s’isoler, afin d’empêcher toute transmission.
Le taux de mortalité du clade I (qui regroupe Ia et Ib) a été estimé à près de 4 % en population générale, mais dans un pays africain (la RDC) où le système de santé est moins solide qu’en Europe et où l’accès aux traitements est moins simple. Autrement dit, cette valeur n’est pas applicable à l’Europe et donc à la France. Et ce, d’autant plus que le taux de mortalité pourrait être surestimé par un faible dépistage. Beaucoup de personnes infectées en Afrique ne sont pas détectées, et donc pas prises en compte dans le calcul.
Ce nouveau virus semble se transmettre plus facilement que son « cousin » du clade IIb, qui avait déjà circulé en France et dans de nombreux pays occidentaux en 2022 et 2023, touchant surtout les hommes homosexuels (plus de 5 000 cas confirmés en France). Il peut se propager par contact étroit (dont les rapports sexuels), par des objets contaminés et peut-être aussi par gouttelettes respiratoires.
Ce clade IIb circule toujours en France, à bas bruit, avec plus de 200 cas recensés cette année. Face à la menace représentée par le nouveau variant, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait décrété le plus haut niveau d’alerte internationale dès le 14 août, pour inciter le monde entier à se coordonner.
Vaccination toujours proposée
En plus des mesures de prévention (dépistage, isolement, etc.), nous avons une autre arme à notre disposition : la vaccination, toujours proposée en France aux personnes à risque (hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes, professionnels du sexe, etc.). Plusieurs pays occidentaux ont, par ailleurs, promis de livrer des centaines de milliers de doses au continent africain.
L’efficacité de ces vaccins antivarioliques a été établie, dans plusieurs études, contre la souche IIb. Sera-t-elle équivalente face au nouveau clade Ib ? C’est probable, « bien que les preuves fassent actuellement défaut », a répondu l’agence de santé publique européenne mi-août. En revanche, le traitement antiviral Tecovirimat apparaît sans effet sur ce nouveau clade, d’après une étude menée en Afrique.